Influence des croyances concernant l'astrologie chinoise sur la survie
S’il est encore besoin de montrer l'influence des facteurs psychologiques sur la maladie, une étude rétrospective réalisée sur plus de 28 000 Sino-Américains et publiée dans le Lancet, a démontré l‘effet des croyances en astrologie chinoise en termes de perte de survie.
Selon la médecine et l’astrologie chinoises, le destin d’une personne est influencé par son année de naissance, chaque année étant associée avec un élément (feu, terre, métal, eau et bois), lui-même associé à un organe ou symptôme (le feu avec le coeur, la terre avec les tumeurs...). Ainsi, les personnes nées en 1907 (terre) risqueraient davantage d’être victimes de tumeurs tandis que celles nées en 1908 (feu) seraient sensibles aux maladies cardiaques. Ces croyances peuvent-elles avoir une influence sur la survie en cas de maladie ?. Pour le savoir, des chercheurs de l’université de Californie, de San Diego (David Phillips, Todd Ruth, Lisa Wagner), se sont penchés sur les registres de décès de 1969 a 1990 et ont comparé 28 169 Sino-Américains ) 412 632 Blancs. Pour chaque Chinois, 20 sujets contrôle étaient pris au hasard parmi ceux de mêmes sexe, année, cause de mort et phase de naissance (années terre, feu...).
Jusqu'a cinq années de moins
Les résultats sont impressionnants: les Chinois que leur année de naissance condamne à telle ou telle pathologie meurent, quand ils en sont atteints, significativement plus tôt que les autres Chinois atteints de la même maladie. Ainsi ceux atteints de cancers du poumon et des bronches sont morts en moyenne à 66,35 ans lorsqu’ils étaient nés dans les années terre et à 67,46 ans dans les autres cas, soit 1,60 année en moins. Une perte de survie qui monte à 3,86 ans pour les cancers lymphatiques et hématopoïétiques et 4,99 pour les bronchites, emphysèmes, asthmes (année métal). Les maladies cardiaques ne sont pas épargnées puisque la perte de survie de ceux nés dans les années feu est de 1,22 an en cas d’infarctus aigu.
Et pour se convaincre que les astres n’ont rien à voir ici, les âges de décès différent peu chez les Blancs, qu’ils soient nés ou non dans une année fatale.
Les chinois de Californie vivent dans des communautés relativement fermées et sont donc attachés à leur croyances. Mais ce n’est pas la première fois que l’on met en évidence cette influence sur la maladie. Les mêmes auteurs avaient déjà montré chez les sujets de confession juive une baisse des décès dans la semaine précédant la Pâque juive et une hausse de ceux-ci dans la semaine suivante.
Selon une autre étude, la survie de patients ayant un cancer était supérieure de 18 mois chez ceux ayant participé à des groupes de thérapie hebdomadaire. Reste donc à se demander, comme le fait dans le « Lancet » Ciaran O’Boyle, qui commente l’étude, «si une forme de thérapie visant le système de croyance aurait pu augmenter la longévité des Chinois » en question.
Sources
Article de Renée Carton, Le Quotidien du médecin, n° 5287 du 8 novembre 1993
Psychology and survival, David Phillips, Todd Ruth, Lisa Wagner) Lancet 6 novembre 1993, Vol 342 https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PII0140-6736(93)92124-C/fulltext