Quel est le lien entre bien-être émotionnel et santé subjective ?

Quel est le lien entre bien-être émotionnel et santé subjective ?

L'humeur et la satisfaction à l'égard de la vie sont liées à l'expérience que les individus ont de leur santé. 

Le bien-être émotionnel s'est avéré prédire la santé subjective sur une période de presque 11 ans. Et inversement, une meilleure santé prédit le niveau de satisfaction de vivre plus tard dans la vie. L'article est publié dans la revue Psychology & Health.

Les chercheurs de l'université de Jyväskylä, en Finlande ont fait l'hypothèse de l'existence de liens entre le bien-être émotionnel et la santé. On pense souvent qu'une dégradation de la santé peut entraîner une dégradation du bien-être. Toutefois, il est également possible que le lien soit inversé, c'est-à-dire que les personnes dont le bien-être émotionnel est élevé se perçoivent comme étant en meilleure santé.

L'étude longitudinale a examiné les associations entre le bien-être émotionnel et la santé subjective évaluée à différents âges de la vie adulte (36, 42, 50 et 61 ans). Le bien-être émotionnel a été mesuré par les niveaux de satisfaction de vie et d'humeur positive et négative. La santé subjective a fait l’objet d’une auto-évaluation de l'état de santé général et de l'expérience de divers symptômes tels que les maux de tête, les douleurs musculaires, la fatigue et la faiblesse.

"Les résultats ont montré que les réductions des symptômes à l'âge de 36 ou 50 ans étaient associées à une plus grande satisfaction de vie 6 à 11 ans plus tard", explique Emmi Reinilä, chercheuse doctorante au Centre de recherche en gérontologie et à la Faculté des sciences du sport et de la santé. "En outre, une humeur négative plus faible et une humeur positive plus élevée à l'âge de 42 ou 50 ans permettaient de prédire des symptômes plus faibles 8 à 11 ans plus tard.

Le lien entre le bien-être émotionnel et la santé subjective semble être bidirectionnel. Les personnes qui ressentent moins de symptômes désagréables, peuvent accroître leur un niveau de satisfaction de vie. Par ailleurs, une humeur plus positive peut contribuer à réduire les symptômes.

"Nous avons également constaté qu'une humeur négative plus élevée permettait de prédire une meilleure évaluation de la santé, ce qui était contraire aux attentes", explique Reinilä. "Cela peut s'expliquer par le fait que, par exemple, l'inquiétude peut, dans certaines situations, conduire à des activités bénéfiques pour la santé, telles que la recherche de soins de santé".

Les données utilisées dans l'étude proviennent de l'étude longitudinale de Jyväskylä sur la personnalité et le développement social, qui suit l'évolution des mêmes personnes depuis plus de 50 ans. La collecte de données la plus récente (TRAILS) a été réalisée entre 2020 et 2021.

Commentaires pour les coachs de santé

Le résultat de cette étude sur la bidirectionnalité du lien entre bien-être et santé subjective apporte de nombreux enseignements et de nouvelles perspectives de soins. 

  1. Il y a donc un lien étroit entre corps et esprit, entre ce qui se passe dans notre corps, les pensées et émotions qui y sont associées. Ce qui donne une valeur universelle à ma pensée de Platon qui disait « On ne peut guérir la partie sans soigner le tout. On ne doit pas soigner le corps séparé de l'âme, et pour que l'esprit et le corps retrouvent la santé, il faut commencer par soigner l'âme. Car c'est une erreur fondamentale des médecins d'aujourd'hui : séparer dès l'abord l'âme et le corps. »
  2. Il y a donc deux échelles pour évaluer la fonction de la santé : d’une part une échelle de santé subjective du sujet (en plus de l’échelle objective des professionnels de santé) et d’autre part une échelle de bien-être, comme le propose John Travis avec son continuum  maladie-bien-être
  3. S’il est important de soigner les symptômes physiques, la même importance devrait être accordée aux représentations mentales et émotionnelles qui peuvent être associées à ces symptômes.
  4. Quel que soit le niveau d’intensité des symptômes, ou d’altération physique du corps, il est possible d’intervenir sur le niveau de bien-être du sujet, qui a son tour peut impacter lla perception de l’intensité des symptômes
  5. S’occuper du bien-être des personnes malades ou en bonne santé constitue une excellente prévention de l’apparition des symptômes
  6. La perception de la santé est subjective car la santé n’est pas une fin en soi. Nous avons besoin d’un niveau de santé pour vivre la vie que nous souhaitons mener et dont le niveau de bien-être et de satisfaction en sont les mesures. Donc la santé ne peut s’évaluer que de façon fonctionnelle, c’est à dire par rapport à la réalisation d’un but de vie.  

Ces commentaires montrent l’écart pouvant exister entre la vision biomédicale des professionnels de santé et les aspirations des patients en matière de santé. Les patients veulent avant tout que la perception qu’ils ont de leur santé physique est à la hauteur des buts de vie qu’ils se donnent. Ces buts de vie, dont la réalisation est source de bien-être et satisfaction, changent tout au long de la vie. Ces buts ne sont pas les mêmes à 20 ans qu’à 80 ans. Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’âge pour ressentir du bien-être et être satisfait de la vie. Et enfin les patients recherchent du bien-être sans avoir à bouffer des antidépresseurs ou consommer des substances illicites. 

Cet état des lieux montre également l’immense champ d’intervention qui s’ouvre aux coachs de santé, en complément des soins médicaux. 

Sources 

Emotional well-being and subjective health are linked during adulthood, shows study by University of Jyvaeskylae; Medical x press, JANUARY 9, 2024 ;