Le Dr Alain Tolédano est un médecin oncologue et aussi un « médecin de l’âme ». Au sein de l’Institut Raphael il intervient avec une médecine de l'âme et du corps, avec une approche autant centrée sur la personne Il est interviewé par le Rabbin Didier Kassabi dans son Emission du 28 février 2021 sur France 2.
La médecine d’aujourd’hui est très technique et le système de santé est orienté pour prendre en charge les maladies ou les organes défaillants et les patients le ressentent. Notre projet est de passer d’une médecine centrée sur la maladie à une médecine centrée sur l’individu et son projet de vie. C’est non seulement c’est efficace, mais c’est ce que nous attendons tous. Vous avez en France 3,8 millions de personnes qui ont ou on eu un cancer Ces personnes se sentent fragiles et leur famille également On va les prendre en charge, mais une fois guéris, ces personnes vont se sentir fragilisés sur le plan psychologique et vont avoir une perte de sens. En France, on peut rembourser pendant 20 ans un anti dépresseur, mais pas une seule séance chez le psychologue. Aujourd’hui notre système de soin va se contenter de travailler techniquement pour guérir une maladie, mais les méfaits de cette maladie et leurs effets secondaires vont être laissés de côté Donc l’important aujourd’hui est de considérer l’individu de manière globale, son âme et son corps.
Quand on demande à quelqu’un « vous sentez-vous en bonne santé ? », la plupart du temps les gens hésitent avant de vous répondre. Car c’est quoi être en bonne santé ? Nous avons tous en tête le mythe de la médecine chinoise dans lequel on payait le médecin lorsqu’on était en bonne santé et lorsqu’on était malade le médecin se devait d’agir sans payer.La santé n’est pas seulement l’absence de maladie, mais c’est considérer la santé sociale, relationnelle avec sa famille et ses amis, son bien être émotionnel et son travail. Il y a donc la santé émotionnelle, sexuelle, psychologique. La médecine ne peut pas se contenter de soigner un corps et de soigner des maladies, mais doit s’occuper des malades dans leur globalité
Voltaire disait « L’art de la médecine consiste à distraire le patient pendant que la nature le guérit » Il y a eu un grand courant médical antique dans lequel on laissait la nature faire, en invoquant les esprits et les astres. Mais en voyant qu’il y a eu des morts on s’est mis en recherche d’une médecine plus performante, et on finit par rendre la médecine scientifique, en apportant des remèdes et des chimiothérapies, des chirurgies et des anesthésies. Il y a donc eu un courant médical très technique et très scientifique, bien démarquée d’une médecine ancestrale et très spirituelle. Darwin disait qu’il y avait une évolution naturelle, une concurrence vitale et que les individus étaient sélectionnés en fonction de leur capacité à vivre. La médecine est devenue scientifique mais à l’heure ou on peut guérir certaines maladies, on laisse des laisser pour compte. Dans une société de consommation on laisse de côté tout un tas de patients dépendants et fragilisés. Le projet serait donc de transformer cette médecine, pour qu’elle ne soit plus une médecine à l’acte et de prescription, mais qu’elle prenne en compte l’individu de façon globale.
Qu’elle est l’approche juive devant la maladie ?
Quand on annonce à un patient qu’il a une maladie grave, une situation inhabituelle pour ceux qui n’ont pas vécue, certains vont dire « Mais Dr, quais-je fait de mal ? Vous avez différentes manières d’interpréter cette situation et votre réponse est importante car elle va vous faire rentrer avec le patient dans un certain cadre relationnel. Par exemple on peut considérer que le patient a vécu des déséquilibres de vie qui ont conduit à sa maladie. Nous avons en effet que 40 % des cancers sont évitables en évitant l’alcool, le tabac, le surpoids et en faisant du sport. Sur les 450000 patients qui font un cancer chaque année, vous imaginez ce que cela représente d’en éviter 40 % ?
Donc quand le patient vous demande « Dr qu’ais-je fait de mal ? » le premier niveau de réponse est de rechercher des déséquilibres de vie que je n’ai pas respecté, est-ce que je me suis surexposé à des facteurs de risque ? Auquel cas j’ai ma part de responsabilité.
Maintenant nous pouvons chercher un autre niveau de réponse car souvent les individus vivent la maladie comme une punition divine. Les croyants peuvent se dire qu’ils ont du faire quelque chose de mal qui est de l’ordre de la morale « Dieu m’a envoyé une maladie pour me faire expier mes fautes ou m’adresser une épreuve. Pour les non croyant on évoquera des déséquilibres d’ordre spirituel. On voit donc que l’individu ne peut pas se considérer uniquement comme un corps. La médecine est l’ensemble des connaissances scientifiques et des moyens de tous ordre mis en œuvre pour prévenir, guérir et soulager des symptômes, des blessures, des infirmités et des maladies. Le travail du médecin n’est donc pas de vous prescrire uniquement des médicaments, mais aussi de pouvoir soulager votre souffrance, ce qu’on peut faire avec des mots. Il est donc important d’envisager une médecine qui n’est pas qu’une technique mais soulage l’individu et pas seulement un symptôme.
Le patient cherche donc un médecin capable aussi de lui parler autant à son cœur qu’à ses symptômes ?
Aujourd’hui il n’est pas possible de maitrise toutes les vérités scientifiques car elle évoluent dans l’étude de Talmud, on peut toucher du doigt certaines vérités, à savoir celle d’émettre à chaque fois deux options Il n’y a donc pas qu’une seule vérité et c’est un peu la même chose en médecine car la vérité médicale n’est pas la vérité humaine. En annonçant une maladie grave, votre travail est-il de délivrer une vérité qui est la vôtre si morbide qu’elle soit quitte à pérenniser la souffrance du patient en face de vous, ou c’est d’accompagner le patient pour se battre ensemble afin de contrarier ce pronostic. Sommes nous là pour soigner un organe ou une maladie ou une personne qui souffre ?
On doit faire la différence entre la douleur et la souffrance. La douleur est un symptôme, car on a mal et il y a une composante physique Mais il y a aussi une composante cognitive car cela fait souffrir d’avoir mal. Il faut prendre en charge la composante physique et la composante cognitive. La souffrance c’est lorsqu’il n’y a plus d’espoir. En redonnant de l’espoir avec un projet de soin, avec des mots et une manière de se comporter, on va atténuer la souffrance des patients Une personne qui n’a plus mal du fait de ses traitement mais à qui vous avez prédit un avenir sombre sans lui venir en aide pour formuler un projet de vie, vous allez le faire souffrir alors que vous avez traité sa douleur.
Parlez nous de l’Institut Raphael ?
Dans notre beau système de santé français qui rend accessible à tous une médecine technologique, on voit qu’il y a beaucoup de gens insatisfait parce qu’il attendent autre chose : il y a des rigidités dans les organisation, des soignants frustrés…etc. Cela reste insuffisant. On voit donc que soigner les corps sans soigner les âmes. Maintenant il y a une contrainte économique qui s’exerce sur ce système. Nous devons changer de paradigme. Avec une équipe de soignants, nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous contenter de cette médecine technique et que nous voulions créer un autre modèle. Nous avons créé l’Institut Raphael, car Raphael est l’archange de la guérison, avec pour idée de prendre chaque patient de manière globale et de co-construire avec lui un parcours d’accompagnement coordonné Ce qui signifie que chaque patient, pendant et après le traitement du cancer, mais cela pourrait être fait pour de nombreuses fragilités, sera reçu pendant une heure pour évoquer avec lui tous les aspects de sa vie qui dysfonctionnent, par exemple son travail, ses problèmes dans son couple, le fait qu’il ne puisse pas parler à ses enfants, un surpoids, des douleurs, ses symptômes, et on va l’orienter dans un parcours de nutrition, émotions, activités physique et bien être , avec bien sur le retours à l’emploi. Toues ces activités n’étant pas financées par notre solidarité nationale, on a décidé de les offrir au patient. ET comme notre société d’aujourd’hui a besoin de démonstrations, on évalue les sons que nous offrons car nous souhaitons montrer qu’en s’occupant de chaque individu c’est bien mieux que de s’occuper uniquement de sa maladie.
Les interlocuteurs sont-ils tous médecins ?
Le facteur clé de la qualité est le temps qu’on accorde au patient et on sait que ce n’est pas le médecin qui accorde le plus de temps à chaque patient. Notre cohabitation comporte des médecins et des paramédicaux et d’autres disciplines telles que les sexologues, sophrologues, nutritionnistes, acupuncteurs, musicothérapeutes, art thérapeutes, Ayurveda, Drama thérapie … nous avons trente disciplines et 60 acteurs de soins para médicaux qui vont travailler main dans la main. Une personne anxieuse qui a eu un traitement médical est fragilisé, donc dans la cadre de son parcours on pourra travailler sur son sommeil, sa digestion, sa musculature, la gestion de ses émotions et il pourra ainsi se sentir plus léger En un an et demi on a offert 11000 soins à 1500 patients évalués. Toute notre travail aujourd’hui est d’évaluer les problèmes du patient et pas de la maladie et de l’accompagner dans ce sens.
Qu’en est-il de la résilience ?
Boris Cyrulnik parle de la résilience comme la capacité à rebondir Après un choc, comme l’annonce d’un diagnostic de cancer ou autre maladie, le sujet va devoir rebondir avec les armes dont on dispose mais pas forcément conscientes. Un patient qui a peur de mourir se focalise sur le risque ou plutôt la perception du risque à travers une image mentale qui le paralyse. Le premier mécanisme de défense est le déni, puis la révolte quand on commence à bien comprendre les choses, puis il y a aura une phase d’acceptation, et la on va pouvoir rentrer d’égal à égal avec le patient, dans une relation d’information, d’accompagnement et de propositions et lui faire accepter un traitement censé le guérir, du moins le soulager et rallonger sa vie. Tout notre travail aujourd’hui est d’aller sur la dimension de l’âme et des affects en plus de traiter les patients avec des médicaments
Il doit y avoir une satisfaction à voir un individu qui se reconstruit totalement ?
Il y a une relation de confiance nécessaire entre médecin et patient et qui dépend d’une certaine considération et écoute qu’on peut avoir à son égard. Si vous écouter un symptôme pour donner un traitement, vous serez peu efficace. Des études montrent que le patient coupe la parole de son patient au bout de 23 secondes, alors que nous savons qu’il faut au moins 90 secondes pour exprimer une émotion. En écoutant un patient pendant 10 minutes, même s’il vous a dit qu’il allait bien, et si vous l’écoutez 15 minutes alors vous rentrez dans sa demeure et il va vous expliquer qu’il est déprimé. Avec notre système contrait qui est le système à l’acte, les médecins sont rentrés dans une logique de prescription Et de ce fait 90 % des patients en consultation se voient prescrire un traitement médicamenteux, contre 40 % aux Pays Bas alors que ces patients ne meurent pas plus tôt que nous On jette une boite sur deux à la poubelle, soit 7 milliards par an à la poubelle car on a une attitude prescriptive et pas une attitude intégrative
On pourrait financer la qualité en intégrant ce temps dédié. Une psychologue qui va travailler sur un ressenti, sur un traumatisme. Devant le trauma de l’annonce d’un cancer, certains le prennent « bien » car ils savent qu’ils vont le surmonter d’autres vont être sidérés et vont arrêter de vivre et se confiner, même s’ils n’ont pas les cancers les plus graves. C’est le moment de se demander s’il n’a a pas eu un traumatisme antérieur pas réglé et qui s’est réactivé Un travail d’accompagnement va permettre d’affronter la peur, de travailler sur la mentalisation positive, sur la reformulation, avec de la thérapie cognitivo comportementale. C’est à nous à démontrer les économies à faire en allant vers ce type de médecine.
Comment avez vous alimenté votre parcours pour en arriver là ?
Nos actions doivent obéir à une doctrine philosophique. Notre société demande de la performance, même dans des milieux technique comme le mien ou je travaille sur de la radiothérapie robotique. Mais ce n’est pas forcément cela que le patient attend. En recherchant l’argent, la reconnaissance et la gloire, on finit par se perdre. Emmanuel Levinas parlait de la philosophie de l’autre car pour sortir de soi même nous avons besoin de l’autre, car nous avons un devoir de l’autre fragile et de nombreux soignants partagent ces valeurs à travers l’altruisme, le don de soi, dans la sensibilité relationnelle, une philosophie du temps qu’on partage et qui est plus profonde. En considérant l’être social, spirituel, l’être intelligent et pas seulement le corps à réparer. Ce qui nous fait dire que l’important n’est pas seulement le soin, mais le prendre soin, et pour prendre soin il faut que notre action soit guidée par cette philosophie de l’autre.
C’est un autre moyen d’avoir de la performance ?
Une dame qui avait 85 ans très spirituelle et dont la valeur sociale était de faire des gâteaux pour les étudiants et des pauvres et qui a eu un cancer. Sa communauté m’a appelé pour qu’on l’aide. Quand elle a appris que c’est ma grand mère qui l’avait accouché au Maroc, elle a accepté de se laisser traiter. Elle a eu tous les oins sans rien débourser, ce qui coute environ 30000 euros pour ceux qui ne le savent pas et qui est pris en charge par la solidarité nationale. Sauf qu’à la fin cette dame ne sortait plus de chez elle et ne faisait plus de gâteaux Avec notre équipe de soin, en moins d’un mois et pour moins de 1000 euros, elle ressortait de chez elle et elle refaisait des gâteaux. Notre travail aujourd’hui est-il de guérir le cancer ou de guérir les personnes qui ont eu un cancer ? En continuant à nous focaliser sur la maladie, notre système sera couteux et n’aura pas de sens.
Comment vous faites pour affronter la maladie d’une personne jeune ?
Il y a le langage verbal et non verbal. L’empathie est un peu le miroir aux émotions quand on est l’un en face de l’autre dans une communauté de pensée et de perspectives interactives. Cette dame de 30 ans qui a un enfant de 5 ans et enceinte d’un mois, un enfant qu’elle attendait depuis des années que je vois en consultation pour un cancer du col de l’utérus. Pour sauver la maman il va falloir arrêter sa grossesses et lui enlever l’utérus c’est-à-dire annuler tout projet de parentalité et maternité à vie. C’est important car elle est une femme, une mère et une maman. Il n’y a pas de manière de bien faire mais il y a des manières de mal faire. Si vous bâclez en ne prenant pas le temps et si vous croyez que votre travail est de lui expliquer une intervention chirurgicale alors que les peurs l’envahissent à propos de son projet de vie ? Tout notre travail aujourd’hui est de pas penser de façon mathématique même si on a besoin de tout ce qui est scientifique. Notre travail est de la thérapie sentimentale et pour cela il faut faire la différence entre les émotions et les sentiments. Les émotions sont des réactions physiologiques aigues qui sont ni positives ni négatives, mais ressenties comme positives ou négatives Il peut y avoir des manifestations physiques qui l’accompagnent comme des palpitations, qui sont exprimées ou refoulées. Les sentiments sont des états affectifs plus chroniques et qui peuvent être faites d’émotions paradoxales : prendre plaisir à voir quelqu’un qu’on déteste parce qu’il nous a fait un coup. Quand on en parle il y a un véritable ancrage et la plupart des gens viennent avec un sentiment de peur réactivé. Ce dont ils ont besoin n’est pas seulement d’un comprimé mais qu’on manipule les émotions pour traiter les sentiments. Notre travail aujourd’hui est de contrarier les sentiments négatifs en créant des sentiments inverse d’intensité supérieure. Donc il s’agit d’une régulation des émotions, qu’on retrouve chez les croyants, dans le cadre d’un patient et son médecin
Le médecin a t-il besoin d’une autorisation d’intervention ?
On a d’une part une responsabilité de répondre de nos actes vis à vis de la loi et au delà de la responsabilité nous avons aussi un certain devoir. Celui de la responsabilité correspond à un engagement moral car on est tenu de ne pas abandonner notre patient surtout quand la personne est en danger. On doit donc contrarier une maladie établie pour permettre au patient d’accroitre sa qualité et quantité de vie
J’ai été marqué par l’histoire d’un homme extraordinaire qui vivait en Algérie et en France toujours souriant et qui ne se plaignait jamais, et qu’on traitait pour un cancer du pancréas Il disait de ne jamais programmer de chimiothérapies le jour de son bridge Il était accompagné de sa femme qui toute la journée répétait « mon Dieu mon mari va mourir » Ils vivaient ainsi, elle qui se plaignait et lui qui s’en moquait Un jour elle est morte à la suite d’un accident, son mari a arrêté de se nourrir et a rejoint sa femme. Cette histoire triste veut dire quelque chose : elle n’était pas consciente qu’elle aussi elle allait mourir et elle avait arrêté de vivre car lui allait mourir Il avait intégré sa maladie dans sa vie de tous les jours et ce qui a tué ce monsieur c’est qu’il a perdu son amour.
Chacun donne un sens à sa vie On voit des gens dans la maladie qui paradoxalement vont retrouver une certaine dynamique dans le rapport à l’autre, vont se poser des questions sur leur places, leur mission, vont arrêter de cultiver des relations superficielles, vont se détourner du matériel pour aller vers le spirituel. Il y donc parfois un effet positif de la maladie et vivre intensément. Cette médecine se doit d’être humaine et le patient apprend à son médecin autant que le médecin apprend de son patient. Sortir du cadre de la technique donne une dimension spirituelle plus forte
La prise de conscience de notre finitude qui nous aide à vivre ?
Il y a un projet de vie dans notre manière de nous réaliser Alfred Adler disait que chaque personne avait un sentiment d’infériorité qu’elle devait compenser, en étant puissant, riche et qui peuvent se perdre dans un complexe de supériorité Certains ont bien compris que leur salut ne viendrait pas de la puissance, mais qu’ils pouvaient déléguer la puissance au divin et cela permet de rééquilibrer leur vie. La spiritualité est une manière de rééquilibrer sa vie La réconciliation entre le corps et l’esprit a été un pas gigantesque dans l’histoire de la pensée. Platon disait que la philosophie est la médecine de l’âme et Platon déployait sa philosophie dans le dialogue Aujourd’hui on doit déployer cette philosophie dans le lien et dans le dialogue. On ne doit pas chosifier les individus à une époque on fabrique des organes Toutes les innovations doivent être au service des humains et c’est notre éthique et la façon de les déployer qui fera la grandeur de notre civilisation.
La manière de présenter chaque chose va être déterminante. Par exemple aujourd’hui 22000 personnes en France attendent une greffe de rein, foie, cornée et on a 5800 personnes qui ont bénéficié d’une greffe et les autres vont attendre que quelqu’un meure en bonne santé pour qu’ils puissent récupérer un organe C’est dramatique et cela fait le malheur des familles. Aujourd’hui on est capable de fabriquer des organes et des cellules vivantes par bio impression. On prend des bio matériaux qu’on emplie avec des bio encres pour fabriquer un rein, un foie.. et une entreprise Israélienne a fabriqué un cœur avec une imprimante 3D, un cœur qui battait et qui avait les mêmes caractéristiques physiologiques que le cœur humain. On pourrait dire que c’est du trans humanisme, une manière de transformer l’humain et crier au loup. Si on dit qu’on veut faire un homme augmenté avec une puce dans le cerveau qui va décupler ses facultés mentales, on va crier au loup. Si on veut faire un homme réparé des injustices de la nature. Permettre à un père de vivre avec ses enfants, permettre à des grands parents de reconnaitre leurs petits enfants Selon qu’on s’oriente vers un homme réparé ou un homme augmenté, cela ne va pas nous toucher de la même façon. Nous nous devons de présenter nos avancées scientifiques de façon éthique La dimension humaine dans la médecine est ce qui va caractériser le médecin. Je prends comme un avertissement l’injonction qui consiste à envoyer directement le médecin en enfer et je me dis qu’on peut probablement se rattraper quand le médecin de l’âme rejoint le médecin du corps.
Avec l’Institut Raphael, avez vous réussi à avoir une influence au niveau de l’état ?
La proposition de valeur, en aidant les patients et les accompagnants, doit nous permettre d’installer un système nouveau avec une vision d’essaimage d’implantation en région. Mais il faut le démontrer avec des preuves à l’état qui a la charge de dépenser l’argent de la solidarité. Nous embraquons avec nous des acteurs privés, la région Ile de France, de grandes entreprises qui ont une responsabilité sociétale et environnementale et qui croient en ces valeurs de prise en charge de l’individu dans sa totalité ; Et c’est par les résultats des patients que l’on changera la culture d’une médecine actuelle. Il ne s’agit pas de remplacer une médecine par une autre mais d’élargir notre spectre et intégrer les acteurs para médicaux. Nous avons plein d’acteurs de soins, psychologues, nutritionnistes, qui ne demandent qu’à venir dans le parcours du patient pour lui apporter quelque chose en plus, et c’est ce qu’on appelle une médecine intégrative. Il faut intégrer l’autre comme nous avons le devoir l’aller vers l’autre, le devoir de l’autre comme le dit Levinas Nous devons nous dire que le médecin est le maillon important d’une chaine qui le dépasse et qu’il est aussi important qu’il n’y a pas que ce maillon de la médecine et que c’est le temps passé avec ce patient qui est au centre qui fera la meilleure santé globale pour demain. L’épanouissement individuel dépend d’un projet collectif qui doit permettre à chacun de s’y retrouver. Nous sommes tous potentiellement des patients fragilisés par la vie et nos proches aussi. Donc nous devons être collectifs et d’avoir cette vision de solidarité.