L'art de guérir du 3e millénaire - Dr Larry Dossey- Editions Vivez Soleil 2002
Depuis plus d'un siècle, la médecine n'a cessé de prendre un caractère plus scientifique, plus technique, pensant que c'était là, la voie de la guérison. Mais aujourd'hui, un changement immense s'opère. Nombreux son ceux qui se tournent vers les médecines parallèles. Ils y trouvent la maladie traitée dans le contexte élargi de la spiritualité.
Le docteur Larry Dossey, expert renommé aux Etats-Unis dans la spiritualité et la médecine, décrit ce passage à la spiritualité à travers trois grandes périodes de la médecine moderne. Il définit ainsi le concept d'esprit non local, et prouve que la conscience peut se libérer du corps et agir autant sur soi-même que sur les autres à distance. Guérison par la prière, guérison à distance, utilisation des intentions à des fins thérapeutiques, expériences d'approche de la mort sont autant de sujets abordés d'une manière toute nouvelle dans ce livre.
Larry Dossey se définit comme un athée, passionné de science. Chirurgien militaire au Viêt-nam, ancien chef du personnel de l'hôpital de Dallas, il vit aujourd'hui à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Il donne des conférences dans le monde entier, notamment dans des hôpitaux et des universités de médecine (aux USA : Harvard, Johns Hopkins, Cornell, the Universities of Pennsylvania, California, Washington…). Auteur de onze ouvrages qui ont figuré sur la liste des best-sellers du New York Times, il a reçu en outre de nombreuses récompenses pour ses travaux.
Les trois époques de la médecine (extraits du livre)
Les recherches modernes sur la conscience nous révèlent que nos âmes n’ont pas de frontières véritables ; nous nous intégrons au contraire à un champ de conscience infini qui englobe tout ce qui est au-delà de l’espace-temps et jusque dans un réel encore inexploré. Stanislas Grof
On peut diviser la médecine dite moderne en trois grandes Epoques:
La première, que j’appellerai première Epoque, commence vers le milieu du XlXe siècle, lorsqu’elle devient scientifique, avec une pratique qui s’appuie sur des théories respectées, sous-tendues par les lois reconnues de la nature. A cette époque, les savants considèrent le monde entier, ainsi que le corps humain, comme une machine sans âme. La conscience est de plus en plus perdue comme un processus matériel, assimilable au travail du cerveau physique.
Cent ans plus tard, cependant, cette vision mécaniste commence à perdre son crédit. Vers les années 1950, médecins et chercheurs commencent à redécouvrir une vérité ancienne : la possibilité d’une influence, parfois considérable, de l’esprit sur le corps. Ces découvertes découlaient, entre autres, de la recherche sur les placebos, qui permettent à l’espérance et à la pensée positive de modifier la perception de la douleur ainsi que la réaction à divers médicaments. La recherche a également montré que l’hypertension et les ulcères de l’estomac se développaient principalement chez les hominés et les animaux soumis à un stress physique et psychologique.
Une autre phase, que nous appelons la deuxième Epoque, commençait à prendre forme. C’est aujourd’hui ce qu’on appelle la médecine corps-esprit.
De nos jours, à l’aube du troisième millénaire, nous assistons à l’émergence d’une troisième Epoque. Celle-ci est caractérisée par l’esprit non-local. Nous redécouvrons ce que savaient les anciens, c’est-a-dire que la conscience peut se libérer du corps et agir non seulement sur son propre corps, comme à la deuxième Epoque, mais aussi de manière extralocale sur des objets, des personnes et des évènements distants, sans même que ceux-ci aient conscience de cette influence.
Certains résistent, car ils ne peuvent accepter l’idée d’un esprit non-local, qui est l’essence même de la troisième Epoque. Les caractéristiques immatérielles de cette période nous paraissent étranges et inquiétantes. Malgré les preuves, ceux qui résistent s’accrochent à une opinion mécaniste, matérialiste, qui leur est davantage familière. Ils "savent" que la conscience est locale, qu’elle adhère au cerveau, au corps, au moment présent. Mais comme pour la médecine corps- esprit, qui elle aussi suscita la plus grande suspicion, l’idée fait aujourd’hui son chemin, et l’esprit non-local deviendra lui aussi un facteur de guérison personnelle et mutuelle indispensable.
Les deux grands axes des preuves de la non-localisation de l’esprit sont:
- l’expérience quotidienne de millions de personnes.
- les découvertes scientifiques.
Nous étudierons au cours des chapitres suivants la vie quotidienne de gens ordinaires et les travaux des chercheurs et des médecins qui acceptent l’idée d’une médecine de la troisième Epoque et utilisent ses pouvoirs magiques pour le bien de ceux qui croient comme de ceux qui doutent.
Pourquoi le terme « Esprit non local » ?
Pendant des années, j’ai cherché l’expression qui rendrait le mieux compte des possibilité infimes de l’esprit dans l’espace et dans le temps. J’ai essayé des dizaines d’expressions, utilisées dans le passé : esprit élargi, conscience cosmique, esprit en liberté, esprit unique, esprit universel, esprit de Bouddha, conscience du Christ, conscience collective... Je les ai toutes écartées les unes après les autres parce qu’elles me paraissaient imprécises, ou datées, ou trop chargées de connotations religieuses ou psychologiques. Non local est un terme qu’utilisent les physiciens pour décrire les interactions à distance entre les particules atomiques comme les électrons. Or, il a été prouvé que l’esprit humain peut connaitre de telles interactions à distance, et j’ai décidé d’adopter le terme des physiciens, bien que la physique soit naturellement incapable d’expliquer les évènements non-locaux chez les hommes. II me semble qu’aucun autre terme ne saurait mieux décrire la conscience, comme on le verra dans notre étude plus approfondie de la troisième Epoque.
Pourquoi faut-il s’intéresser à la troisième époque ?
Nous avons tous fait l’expérience de phénomènes mentaux qui ne correspondent pas a notre vision traditionnelle de la réalité, et nous voudrions bien savoir ou classer ces phénomènes, afin de les maitriser et d’en utiliser la puissance. Parmi les "anomalies" de la troisième Epoque, citons ce que nous appelons la télépathie, la voyance, la précognition, les visions, les rêves prophétiques, les "flashes" de génie dans le domaine de la créativité, les symptômes physiques partages entre individus éloignes, la guérison a distance et les prières d’intercession. Des chercheurs, en quête de termes nouveaux, d’apparence plus scientifique, ont appelé ces phénomènes "cognition anormale", "perturbation anormale", "manifestation de la conscience à distance", ou encore de l'intention à distance". Mais quel que soit le nom qu’on leur donne, il s’agit toujours de la même chose : l’esprit peut agir à distance du cerveau et du corps, et souvent aussi en dehors du moment présent.
Les chercheurs qui commencent eux aussi à s’intéresser à ces phénomènes étranges se heurtent à une résistance farouche. Certains redoutent de se voir traiter de marginaux ou de penseurs New Age, voire d’apôtres de la guérison d’inspiration divine. Ils sont de plus fortement incités à écarter ces phénomènes paranormaux et à borner leur attention à la science "normale". « Le chercheur qui prend le temps de noter toutes les anomalies rencontrées, écrivait l’historien des sciences Thomas Kuhn, n’aboutira jamais à quoi que ce soit d’intéressant. » Même lorsque nous parvenons à prouver qu’il y a anomalie, « nous n’allons pas faire fi du système intellectuel sur lequel se fonde notre vie de travail pour une petite information qui n’entre pas dans les cadres », écrit Stephen Jay Gould, paléontologue à Harvard. « Les faits uniques ne viennent jamais à bout des opinions mondialement reconnues, ou du moins pas immédiatement. » Et Gould d’ajouter : « On se contente d’intégrer les anomalies aux théories existantes, en leur imposant quelque distorsion, sans doute, mais tout se passe généralement bien car les opinions mondialement admises sont en général très flexibles. »
Pour qu’une anomalie mérite qu’on s’y arrête, il faut qu’elle représente davantage qu’une interrogation pour la science, il faut qu’elle nous atteigne personnellement dans notre psychisme, dans notre vie spirituelle ou morale ou encore dans notre situation sociale. Il faut qu’elle nous influence fortement, qu’elle soit très importante pour nous personnellement. Et c’est précisément là ce que fait un esprit non-local. Nous avons tous eu une expérience personnelle des anomalies non-locales de la conscience : un ami qui arrive chez vous au moment même ou vous venez de penser à lui, une vision de la maladie dans votre corps ou dans celui d’une personne aimée, avant l’apparition de tout symptôme. Mais ce que nous ne réalisons pas toujours, c’est que nous découvrons là une nouvelle dimension de l’existence, une nouvelle époque de l’être.
La troisième Epoque nous est nécessaire. Dans le monde entier, les gens ont soif de sens, d’objectifs, de plénitude spirituelle. Pour vivre une vie saine et complète, nous avons besoin de penser positivement, comme nous avons besoin d’eau et de nourriture, car une vie dépourvue de sens conduit à la sècheresse. Nous le verrons, l’esprit non-local est tout imprégné de sens spirituel et peut aider à combler cette sensation de vide qui est une véritable plaie de la vie moderne.
Ce sont de douloureuses expériences personnelles qui m’ont amené à cette conclusion. Au début de mes études universitaires, je suis rapidement tombé amoureux de la science et de la vision mécaniste de la réalité de la première Epoque. Puis, pendant de nombreuses années, je me suis efforcé d’organiser ma vie en fonction de cette vision austère et rationnelle. J’aimais cette image dépouillée, ou tout était régulier et prévisible, du moins selon ce que je pensais à l’époque. Mais plus j’organisais ma vie en fonction de ces principes, plus elle devenait morne et triste. De plus, comme je ne m’intéressais en rien à ma vie spirituelle et psychologique, je subis une aggravation d’un mal dont je souffrais depuis des années : des migraines épouvantables qui se terminaient par des épisodes ou je perdais la vue. Je fus presque obligé d’interrompre mes études de médecine car je me disais qu’un jour ou l’autre j’aurai une crise de cécité en pleine opération et que je ferai courir un risque mortel à mes patients. Apres avoir essayé tous les traitements possibles, je finis par résoudre mon problème en pratiquant la méditation. Je me formais pour cela au " biofeedback " (réaction biologique), qui m’apprit à modifier mes données physiologiques à partir de stratégies mentales. Cette découverte m’ouvrit les portes d’un monde nouveau - celui de l’interaction esprit-corps de la deuxième Epoque, et me permit d’entrer enfin dans la dimension spirituelle de la troisième Epoque.
J’ai un ami médecin qui donne fréquemment des conférences, tant à un public profane qu’a des groupes de médecins, sur le thème de l’incidence de l’esprit sur la santé. Je lui ai demandé un jour s’il modifiait le contenu de sa conférence en fonction du public. « Oui, me dit-il, je simplifie pour les profanes. » Je vois bien pourquoi ! Ce qui parait évident aux profanes nous parait souvent impénétrable à nous médecins. Nous sommes si bien formés à notre vision mécaniste de la réalité que nous avons tendance à nier tout phénomène allant à l’encontre de cette vision. C’est pourquoi j’en suis venu, non sans grognements et protestations, aux idées défendues dans ce livre. S’il y a quelque chose de spécifique dans mon parcours individuel, c’est bien l’entêtement.
Je pensais qu’il fallait opérer un choix et fonder son existence soit sur la science et la raison, soit sur la spiritualité. Je vois bien aujourd’hui que ce choix est erroné, car j’ai découvert que science et spiritualité peuvent parfaitement coexister. J’ai découvert que de nombreux chercheurs, tels Robert Boyle, chimiste du XVlle siècle, inventeur de la loi de Boyle, se sont rangés à cette opinion. Boyle parlait des savants comme des "prêtres de la nature". La science était pour lui quelque chose de sacré à tel point qu’il conseillait aux chercheurs de procéder à leurs expériences le dimanche, les intégrant ainsi à la prière.
La troisième Epoque nous permet de redécouvrir le sens du sacré dont parlait Boyle, non seulement dans la science, mais dans tous les domaines de la vie.