La métaphore du « virus de la pensée » décrit le mécanisme de transmission d’une idée ou d’une croyance négative d’une personne à une autre, une transmission contre laquelle il est utile de nous "immuniser"
Qu’est-ce qu’un virus de la pensée
Viruses of the Mind (paru en 1991) est un essai de Richard Dawkins relatif à la mémétique et aux analogies entre propagation des idées/comportements et propagations des virus biologiques, virus informatiques, maladies et épidémiologie. Un virus est un agent infectieux constitué uniquement d’acide nucléique (ARN ou ADN) donc d’une partie incomplète d’un programme biologique. Pour se multiplier le virus doit donc trouver un hôte à infecter, souvent une cellule, dont il va détourner et utiliser son métabolisme. Comme le virus ne peut produire d'énergie sans hôte, certains biologistes disent que les virus ne sont pas des êtres vivants. Pour Robert Dilts, « De tels virus peuvent infecter la pensée et le système nerveux autant qu'un virus physique peut infecter le corps et autant qu'un virus informatique peut infecter un système informatique, menant à la confusion et aux dérèglements. De la même façon que la programmation d'un ordinateur ou d'un système complet d'ordinateurs peut être endommagée par un virus informatique, notre système nerveux est susceptible d'être infecté et endommagé par les virus de la pensée ».
La contamination par la pensée des autres
Un « virus de la pensée » constitue une catégorie particulière de croyances limitantes qui peuvent interfèrer avec les processus conscients ou inconscients de guérison. Une croyance limitante étant une généralisation issue d’une expérience personnelle, elle peut s’actualiser ou se modifier par le résultat d’une autre expérience. Par contre un virus de la pensée repose sur les croyances limitantes d’autres personnes. Elles ne sont donc pas modifiables ou actualisables par l’expérience. Elles sont modifiables par l’identification et la transformation des croyances et présuppositions non exprimées des personnes qui ont permis au virus de la pensée de se créer et de se maintenir. Ces personnes sont « introjectées » c’est-à-dire présentes en nous sous forme de modèles ou de « sponsor négatifs ». Ces présuppositions et croyances des autres n’apparaissent habituellement pas de façon évidente dans la structure de surface de la croyance.
Exemple de virus de la pensée :
Croyances |
Présuppositions |
« Tu as l'air mieux que ce que je croyais » |
« Je te croyais mort » |
« Tu devrais aller voir un vrai médecin » |
« Tout ce que tu fais est inutile » |
« Les chances de survie sont nulles ! » |
« Tu vas mourir » |
« Tu devrais mettre de l’ordre dans tes affaires » |
« Tu vas mourir » |
« Savez-vous où acheter un fauteuil roulant ? » |
« Vous ne remarcherez plus jamais » |
« C’est une punition de dieu » |
« Tu as commis une faute » |
« Il faut une volonté de fer pour s’en sortir » |
« Tu n’as pas assez de volonté » |
« Tu es bien comme ton père » |
« Il y a une fatalité entre toi et ton père » |
Ces croyances, en particulier si elles sont formulées par une figure d’autorité (parents, autorité médicale, religieuse…) comme la « juste carte du monde » peuvent devenir un « virus de la pensée ». Nous pouvons être contaminé par la pensée des autres quand nous accordons plus d'importance à l'évaluation du monde extérieur qu'à nos propres évaluations, et surtout quand nous sommes dans un état de fragilité.
Les virus de la pensée peuvent avoir une source individuelle mais aussi collective. Ce que raconte une culture médicale ou traditionnelle à propos d’une maladie, de ses causes ou de ses possibilités de guérison constituent des virus de la pensée collectifs.
S’immuniser contre les virus de la pensée
Face aux virus de la pensée qui ont conservé un potentiel de destruction, et peuvent contrarier la réalisation d’un projet personnel, professionnel, de santé….etc, , il convient de s’immuniser, c’est à dire enseigner à notre système cognitif que cette croyance ne nous appartient pas.
Face à des virus de pensée anciens et inconscients, profondément et enfouis en nous, le changement de croyance vise à dissocier l’identité de la personne (son ADN) des croyances des autres personnes qui continuent à vivre en nous (parents, croyances culturelles ou religieuses…). La personne « infectée » peut mener sa vie sans être conditionnée par la pensée des autres. La question clé est « Qui es-tu en laissant au loin cette pensée qui ne t’appartient pas ». C’est donc un changement de croyance qui prend en compte et modifie les présuppositions (les non dits) des croyances des autres sur nous (Voir par exemple le Mandala de l’être de Richard Moss).
Face à des virus de pensée plus actuels et plus conscients, il est utile d’apprendre à notre système cognitif à trier les informations qui viennent du monde extérieur et qui peuvent s’insinuer en nous en provoquant des dégâts. Nous pouvons apprendre à trier les informations, pour laisser rentrer en nous ce qui peut être aidant et ressourçant et laisser à l’extérieur ce qui ne l’est pas. Pour modifier l'impact des virus de la pensée sur notre mode de fonctionnement, on peut utiliser les diverses techniques de changement de croyances. Pour se protéger ou s'immuniser contre les virus de la pensée, on peut utiliser la stratégie Bang Bang de Kevin Creedon ou la technique de « la seconde peau » de Stephen Gilligan.
La stratégie Bang Bang de Kevin Creedon
La stratégie « Bang Bang » a été développée par Kevin Creedom pour dévier l'énergie et les commentaires négatifs des autres d'une manière saine, à partir de la modélisation de 35 personnes HIV +, en bonne santé depuis 10 ans au moins. Tous les survivants possédaient une stratégie efficace pour se protéger des messages négatifs ou inhibiteurs, en les filtrant instantanément afin de maintenir un état de santé. Cette stratégie apporte donc un moyen concret de rendre notre système immunitaire intelligent par rapport aux innombrables virus de pensée qui circulent librement à propos du sida, mais aussi de toute autre maladie.
1 - Rassembler des expériences de références
Ce sont des moments ou situations dans lesquelles vous avez été soumis à un avis, un jugement, un regard, un comportement qui ont pu avoir un effet déstabilisant sur vos croyances à propos de votre longévité, votre qualité de vie et/ou vos possibilités de rester en bonne sante. Identifiez 7 exemples spécifiques de situations déstabilisantes :
a) une émission vue à la T.V,
b) une rencontre banale avec un étranger,
c) un événement/rencontre dans votre vie professionnelle,
d) quelque chose que vous avez lu (journaux. magazines, etc.)
e) une situation avec un professionnel de la santé (autre que votre médecin traitant actuel), g) un ami proche
h) un membre de votre famille proche.
Pour chacune de ces situations assurez-vous d'avoir un minimum de détails : quand, où, avec qui, quoi, etc. Démontrez de façon comportementale dans quelle posture vous étiez (assis ou debout) Indiquez d'où venaient les sons. etc. Dans la mesure où la séropositivité et le Sida sont le plus souvent attribués au niveau de l'identité (Par exemple "vous êtes séropositif") par opposition à certaine affection plus courantes (Par exemple "tu as la grippe") et qu'il est fréquemment fait référence à une appartenance à des groupes spécifiques (par exemple celui de l'homosexualité) que l’on partage ou dont on se défend, Kevin Creedon conseille fortement d'englober ce niveau dans les formulations : "Rappelez-vous lorsque X a négativement influencé vos croyances à propos de vos possibilités, ou de celles de gens comme vous dans le champ de la santé, de la qualité de vie ou de la longévité".
2 - Apprendre la stratégie dans un contexte autre que la santé
a) Installez -vous debout les deux mains paumes vers le haut l’une sur l'autre. Rappelez-vous d'un moment où vous aviez fait quelque chose dont vous étiez vraiment fier. Faites une image de cet événement et installez là dans vos mains sous forme d'une sculpture. Imaginez maintenant que quelqu'un arrive et dit "Quelle horreur, c'est quoi cette merde que vous venez de faire ?". Que se passe-t-il au niveau des sous-modalités de votre état interne ? Passez rapidement à l'étape suivante.
b) Séparez vos deux mains en s'assurant qu'elles soient au même niveau et que vous pouvez les voir simultanément. Mettez dans l'une votre sculpture et installez dans l'autre une sculpture qui représente l'opinion de l'autre. Assurez-vous de les voir clairement de façon séparées.
c) Installez un écran de verre transparent passant verticalement au milieu de votre corps et entre vos deux mains. Faites de la vitre la métaphore de la vitre d'une photocopieuse qui peut recopier l'essentiel de tout élément utile (par exemple une intention positive) pour vous dans l'avis de l'autre. La copie de l'élément essentiel peut s'accompagner d'un flash lumineux ou éventuellement d'un bruit spécifique.
d) Faites en sorte que l'essentiel (ou l'essence) qui a été extrait des idées de l'autre puisse vous "fertiliser" , par exemple sous forme de pluie... et se développent automatiquement en vous.
e) Voyez enfin tout ce qui appartient à l'autre (utile comme inutile) retourner vers celui-ci. Ne gardez que la copie de ce qui peut vous être utile et assimilable par vous.
f) Utilisez cette stratégie chaque fois que vous en avez besoin en ré accédant à l'étape du point a. Entraînez-vous jusqu'à ce que vous puissiez le faire facilement.
3 - Installer la stratégie dans l'histoire de la personne
Ré accédez à chacune des expériences de références identifiées lors de la partie 1. Pour chacune, séparez les parties, établissez l'écran de verre, copiez ce qui est utile et assimilable, puis rendez l'intégralité de l'original à l'autre.
4 - faire un pont vers le futur
a) Tendez la main qui représente le "Soi", regardez votre sculpture qui vous représente en disant "Bang" puis immédiatement après tendez la main qui représente la sculpture de l'autre, regardez l'espace prévu pour la représentation de l'autre et dite "Bang". Faites le quelques fois afin d'ancrer "Bang-Bang" de façon visuelle, auditive et kinesthésique.
b) Imaginez une série de situations classiques où la stratégie "Bang-Bang" serait appropriée comme par exemple .
- une relation que vous rencontrez vous dit « Tu as l'air mieux que je n'aurais cru.... » , ou
- un proche vous dit "Est-ce que tu n'as pas perdu du poids ?"
- toute autre situation qui vous semble utile pour votre futur.
c) Enfin faites réellement "Bang-Bang" dans quelques situations de vie réelle, avant de pouvoir le faire automatiquement de manière purement mentale.
Sources : Article de Kevin Creedon publié dans Anchor Point, May 1994.
Kevin Creedon (décédé le 29 mars 2013). Praticien de la Programmation Neuro Linguistique, de l'Hypnose Ericksonienne et de la Méthode Feldenkrais. Kevin Creedom a été ll'un des seuls praticiens PNL à travailler avec des personnes atteintes du sida, ce qui lui a permis d'acquérir une expertise dans le domaine des problèmes de santé, notamment les infections opportunistes, le cancer et les effets secondaires des médicaments agressifs. Sa première technique de PNL pour améliorer la santé, la Stratégie Bang Bang, a été publiée dans Anchorpoint en 1994.
Commentaires sur la fonction de tri
La photocopieuse nous permet de copier et conserver les pages importantes qui nous intéressent dans un livre ou un document qu’on nous prête, avant de rendre le livre à son propriétaire. La photocopieuse ne conserve jamais l'original. Le livre peut symboliser le propos déstabilisant d’une autre personne, ou la croyance négative d’une autre personne à votre égard.
La métaphore de la photocopieuse
a) imaginez la vitre d’une photocopieuse perpendiculaire à vous, pour que les mains puissent les poser sur chaque côté
b) imaginez un livre se poser sur une face de la vitre, puis visualiser un mouvement qui copie la page importante que vous voulez conserver, qui vous inspire et qui est utile pour vous. Les informations que cette page contient peuvent être assimilées par vous, car elles sont bonnes pour vous,
c) puis restituez le livre dans son intégralité à l'autre, car l’intégralité du livre ne vous concerne pas, et le livre ne vous appartient pas.
La photocopieuse ne garde jamais l'original, de même le système immunitaire fait une copie partielle du message antigénique sous forme d'anticorps mais ne garde pas l'intégralité du message antigénique.
Les critères du tri
Le tri doit s’effectuer, non pas sur les critères du « vrai ou faux » comme nous le faisons dans l’enfance, mais sur les critères de l’utile et assimilable.
Dans tout « Virus de la pensée", on peut présupposer qu’il y a des aspects négatifs (le livre) et une intention positive (la page à conserver). Vous allez conserver ce qui vous est utile et assimilable (en particulier l'intention positive) et vous restituez de façon respectueuse ce qui n’est pas utile pour vous à son propriétaire. Vous pouvez dire « merci de m’avoir prêté ce livre ».
Cette compétence à différencier le vrai/faux de l'utile/non utile pourra être automatisée par la répétition.
Le tri est souvent plus difficile avec des gens qui nous sont proches car on est plus dans la comparaison vrai/faux que dans celle de l'utile/ pas utile.
Avertissement
Le processus décrit ci dessus ne vise pas à remplacer une aide médicale classique. Ce processus n’est conçu que comme un processus complémentaire visant une action plus globale sur les facteurs cognitifs de santé, en combinaison avec une approche médicale conventionnelle (pharmacologique, nutritionnelle,...etc).
Les techniques proposées dans cet article ne peuvent en aucun cas se substituer aux soins médicaux et aux recommandations médicales des autorités de santé en matière d’infections virales et de covid-19. Aucune méthode PNL ne peut prétendre à une quelconque efficacité dans la prévention et le traitement des infections virales et en particulier le covid-19. Les méthodes de la PNL sont efficaces pour gérer certains problèmes psychologiques, dont les peurs et le stress. Pour obtenir des conseils sur la manière d'éviter de contracter le covid-19, nous vous invitons veillez à contacter votre médecin et/ou votre prestataire de soins de santé. Nous vous encourageons à faire preuve de considération envers les autres et envers vous-même, et à porter un masque en public tant que la pandémie risque de compromettre la santé des autres.
Dr Jean Luc Monsempès