La recherche sur l'efficacité des résolutions du nouvel an

La recherche sur l'efficacité des résolutions du nouvel an

Comment formuler vos résolutions du Nouvel An pour qu’elles se réalisent 

Chaque nouvelle année est l’occasion de formuler des vœux, des objectifs, ou de bonnes résolutions. Ces résolutions ne sont pas toujours faciles à tenir. Les résultats de deux études montrent cependant qu'il y a une façon plus efficace de les formuler pour qu’elles produisent ce qu’on attend d’elle. La première étude de Martin Oscarsson  et Per Carlbring (1) montre la plus grande efficacité des formulation positives par rapport aux formulations des résolutions. La seconde étude de Emma L. Bradshaw  et coll. (2) montre l’importance de relier la résolution à trois besoins psychologiques fondamentaux. Ces études sur l’efficacité des résolutions du nouvel an, sont intéressantes d’un point de vue de la programmation neuro-linguistique (PNL), car elles apportent des éléments de preuves supplémentaires aux conditions de bonne formulation d’un objectif.  Ces études apportent également un éclairage intéressant sur la formulation des objectifs de santé, qua l’on retrouve très souvent au cœur de la plupart des résolutions de début d’année. 

Formuler la résolution de façon positive

L’étude de Martin Oscarsson  et coll. (1) montre que les personnes qui formulent des résolutions de manière positive, en exprimant ce qu'ils vont faire, plutôt que ce qu’ils tentent d'éviter, ont plus de chances de les mener à bien. La plus grande étude mondiale réalisée sur les résolutions du Nouvel An conclut que la formulation du type « je vais commencer à.. »  est bien plus efficace que celle  du type "je vais arrêter/éviter"

L'étude a été menée pendant un an auprès de 1066 personnes ayant formulé une résolution en 2017. Les résolutions les plus courantes concernaient la santé physique, la perte de poids et le changement d’habitudes alimentaires. Après avoir formulé leurs propres résolutions les participants étaient divisés en trois groupes différents. Les trois groupes ont reçu différents niveaux de soutien tout au long de l'année : « aucun soutien », un « certain soutien » et un « soutien élargi ». Le suivi des participants a été effectué chaque mois tout au long de l'année.

Au bout d'un an de suivi, 55 % des répondants ont estimé qu'ils avaient réussi à maintenir leurs résolutions. Les participants dont les objectifs étaient orientés  « approchement » avaient été nettement plus efficaces que ceux dont les objectifs étaient orientés « évitement » (58,9 % contre 47,1 %). Seul le groupe ayant reçu un « certain soutien » a été exclusivement et significativement plus performant que les deux autres. 

Le professeur Per Carlbring du département de psychologie de l'université de Stockholm déclare "Nous avons constaté que le soutien apporté aux participants n'a pas fait une grande différence en ce qui concerne la manière dont les participants ont tenu leurs résolutions tout au long de l'année. Ce qui nous a surpris, ce sont les résultats concernant la manière de formuler les résolutions"  Les participants ayant formulé un "objectif d'approchement" sont ceux qui ont obtenu le plus haut taux de réussite. Un objectif d'approchement correspond aux résolutions dans lesquelles vous essayez d'adopter une nouvelle habitude ou d'introduire quelque chose de nouveau dans votre vie. Les résolutions concernant l'évitement ou l'abandon de quelque chose, c’est-à-dire des "objectifs d'évitement", se sont révélées moins fructueuses.

"Dans de nombreux cas, la simple reformulation de votre résolution peut certainement être efficace. Par exemple, si votre objectif est d'arrêter de manger des sucreries pour perdre du poids, vous aurez plus de chances de réussir si vous vous dites plutôt "je mangerai des fruits plusieurs fois par jour". Vous remplacez alors les sucreries par quelque chose de plus sain, ce qui signifie probablement que vous perdrez du poids et que vous garderez le cap sur votre résolution. Vous ne pouvez pas effacer un comportement, mais vous pouvez le remplacer par quelque chose d'autre. Mais cela peut être plus difficile à appliquer à la résolution "J'arrêterai de fumer", que vous pouvez faire 20 fois par jour", explique Per Carlbring.

Cette étude montre que les résolutions du nouvel an, comme toute formulation d’objectif  peuvent avoir des effets durables, même lors d'un suivi d'un an.

Relier la résolution aux besoins fondamentaux

L’étude d’Emma L. Bradshaw et coll (2) s’intéresse aux résolutions pouvant apporter le plus de satisfactions, donc de contribuer au mieux à rendre les individus heureux. Les résultats montrent qu'il est beaucoup plus facile de s'en tenir à des résolutions qui touchent directement aux besoins humains fondamentaux. 

L’étude avait pour objectif d'identifier les sous-groupes qui diffèrent dans les niveaux d’aspirations spécifiques (richesse, célébrité et image, croissance personnelle, relations, santé et dons à la communauté) et leur sources de motivation (intrinsèques et extrinsèques). L’étude a porté sur 3370  sujets hongrois (77% de femmes ; âge : M = 23,57), et 1632 australien (51% de femmes ; âge : M = 16,6), et 6063 américain (82,2% de femmes ; âge : M = 21,86).  Les analyses ont montré l’existence de trois profils latents reproductibles : Désengagement des relations et de la santé (Profil 1) ; Aspiration aux relations interpersonnelles plus qu'aux relations communautaires (Profil 2) ; et Aspiration aux relations communautaires plus qu'aux relations interpersonnelles (Profil 3). Le Profil 3 qui est associé de manière fiable au plus grand niveau bien-être. 

Selon Richard Ryan, expert international en recherche sur la motivation et professeur émérite de psychologie à l'université de Rochester. "Les faits montrent que la plupart du temps, les gens ne réussissent pas leur objectif". Ce n’est cependant pas une raison d’abandonner vos bonnes résolutions. Ryan, qui est également psychologue clinicien, affirme que toute situation qui nous donne l'occasion de réfléchir à notre vie est finalement une bonne chose. Il n'est pas nécessaire que ce soit à l'occasion du nouvel an. « Chaque fois que vous réfléchissez à un changement – et que vous y mettiez tout votre coeur - cela peut être bon pour vous »

« Les objectifs qui sont le plus sources de satisfactions et qui peuvent être aussi les plus utiles pendant que la pandémie COVID-19 fait rage, sont ceux qui impliquent d’aider les autres » , « Pensez à la façon dont vous pouvez aider" dit Ryan. "Il y a pas mal de détresse dans le monde : si nous pouvons formuler des objectifs qui visent à aider les autres, ces derniers contribueront également à notre propre bien-être".

Ces conseils sont fondés sur des décennies de recherche. Avec Edward Deci (également professeur émérite de psychologie à l'université de Rochester), Ryan est le cofondateur de la théorie de l'autodétermination (SDT), un cadre général pour l'étude de la motivation et de la personnalité humaine. Développée par le duo pendant près de 40 ans, la théorie est devenue l'un des cadres d’étude de la motivation humaine les plus largement acceptés dans la science contemporaine du comportement. Son point de départ est l'idée que tous les humains ont une tendance naturelle ou intrinsèque à se comporter de manière efficace et saine.

Selon M. Ryan, qui est également professeur à l'Institut de psychologie positive et d'éducation de l'Université catholique australienne, les actes volontaires d'aide aux autres satisfont les trois besoins psychologiques fondamentaux identifiés dans la recherche sur les SDT (Self Determination Théory) : 

  • L'autonomie : le besoin de se sentir à l'origine ou à la source de ses actions.
  • La compétence : le besoin de se sentir efficace et capable d'effectuer des tâches de différents niveaux de difficulté.
  • La relation ou l'appartenance sociale : le besoin de se sentir connecté et supporté par d'autres personnes.

"Si vous voulez prendre une résolution de nouvel an qui vous rende vraiment heureux, pensez aux façons dont vous pouvez contribuer au monde", dit Ryan. "Ces trois besoins fondamentaux seront satisfaits. Les recherches montrent que ce n'est pas seulement bon pour le monde, mais aussi vraiment bon pour vous".

Les conditions de bonne formulation d’un objectif de santé

La première étude évoque les métaprogrammes de la PNL, et en particulier la direction de la motivation, ou ce qui pousse une personne à agir : le fait de s’éloigner d’un problème, ou atteindre un objectif ?

Dans le premier schéma, « Aller vers », la pensée est focalisée sur ce qui doit être intégré (atteint, obtenu, acquis, réussi…etc.) Le langage évoque les buts à atteindre « je veux manger sainement ».

Dans de second schéma «  Eviter de »  la pensée est focalisé sur ce qui doit être exclu, évité, ce que l’on craint.  Le langage évoque ce que l’on ne veut plus, cesser de, arrêter de…etc.  Par exemple « Je ne veux plus manger de produits manufacturés »

Si ces deux schémas peuvent trouver leur utilité selon le contexte, en matière de santé et de guérison, le schéma « Allers vers » est bien plus approprié que le schéma « S’éloigner de ».  La guérison n’est possible que si vous arrivez à vous représenter ce que vous voulez faire, avoir ou être quand vous serez à nouveau en bonne santé.  Si vous maintenez votre pensée focalisée sur les symptômes de maladie, vous en favorisez le maintien. 

La seconde étude, qui relie la formulation de la résolution aux besoins fondamentaux humains décrits par Edward Deci et Richard Ryan dans leur théorie de l’auto-détermination, évoque plusieurs éléments des conditions de bonne formulation d’un objectif. 

La théorie de l’autodétermination est centrée sur la croyance que la nature humaine présente des caractéristiques positives persistantes (ex. efforts, engagement...), appelées tendances inhérentes à la croissance, ainsi que des besoins psychologiques fondamentaux dont la satisfaction est nécessaire au bien-être, au développement et au fonctionnement sain et optimal : ce sont des besoins : 
- d’autonomie : se sentir être l’origine ou la source de ses propres comportements
- de compétence : se sentir efficace dans les interactions que l’on a avec les autres, exprimer ses capacités.
- de relations : se sentir connecté aux autres, avoir un sentiment d’appartenance avec d’autres individus.

Ces trois besoins fondamentaux peuvent être reliés à ce qu’on appelle l’intention positive la PNL, les valeurs inconsciemment recherchées derrière toute action humaine. Le besoin d’autonomie revoie à la motivation intrinsèque, ou ce que nous pourrions appeler la « référence interne » en PNL. La motivation intrinsèque concerne la pratique volontaire d’une activité pour l’intérêt qu’elle présente pour soi et en l’absence de récompense extérieure.

Le besoin de relations font référence en PNL à des notions d’écologie (la prise en compte des conséquences des objectifs chez les autres) et à la distinction entre les besoins de l’égo et de l’âme. Les objectifs qui répondent aux besoins de l’égo sont centrés sur soi : plus d’argent de responsabilités, de liens, de fun, de sports, de loisirs. Ils permettent de prendre soin de soi et de profiter de la vie. Ils vous apportent du plaisir mais rarement un bonheur durable. Ceux qui répondent aux besoins de l’âme sont centrés sur les autres et nous connectent à quelque chose de plus grand que nous. Ces objectifs sont associés à des sentiments durables  de don et de gratitude, et d’une vie réussie. 

Ces études apportent des références scientifiques à la pratique des coachs de santé. Un objectif de santé est formulé de façon positive (une représentation de l’état désiré), à partir d’une référence interne (autonomie avec une motivation intrinsèque), avec des moyens (un sentiment de compétence), et une connexion aux autres (sources de liens, soutiens et ressources)

Sources

(1) A large-scale experiment on New Year’s resolutions: Approach-oriented goals are more successful than avoidance-oriented goals ; Martin Oscarsson, Per Carlbring , Gerhard Andersson,  Alexander Rozental ; PLOS ONE December 9, 2020

https://doi.org/10.1371/journal.pone.0234097

(2) Emma L. Bradshaw, Baljinder K. Sahdra, Joseph Ciarrochi, Philip D. Parker, Tamás Martos, Richard M. Ryan. A configural approach to aspirations: The social breadth of aspiration profiles predicts well-being over and above the intrinsic and extrinsic aspirations that comprise the profiles.. Journal of Personality and Social Psychology, 2020; DOI: 10.1037/pspp0000374

University of Rochester. "How to be happier in 2021: Toss out your usual list of New Year's resolutions and do things that make the world a better place." ScienceDaily. ScienceDaily, 21 December 2020. <www.sciencedaily.com/releases/2020/12/201221160413.htm>.