Les métaphores sont l'une des techniques de changement les plus puissantes qui soient, et les métaphores incarnées apportent un lien direct avec les émotions et les profonds schémas de comportements négatifs. Par Donna Weber
Les métaphores sont l'une des techniques de changement les plus puissantes qui soient. Les métaphores incarnées fournissent un lien direct avec les émotions et les profonds schémas comportementaux. Dans leur ouvrage Metaphors We Live by, Lakoff et Johnson (1980) nous disent que notre système conceptuel est métaphorique et dans Women Fire and Dangerous Things, Lakoff (1987) déclare que la pensée est incarnée et se développe à partir de la perception, du mouvement et de l'expérience physique. Un certain nombre de recherches récentes ont souligné l'importance du corps dans la création de la conscience. Pour Antonio Damasio (1999), les systèmes de feedback du corps refléttent des aspects complexes des émotions et même de la conscience. Au-delà de leur structure neuronale, les états émotionnels se définissent par des changements dans le profil chimique du corps, des changements dans les viscères et des changements dans le degré de contraction des muscles du corps. Damasio estime que les émotions constituent un élément important de notre régulation homéostatique et de notre mécanisme de survie. Une autre chercheuse, Candace Pert (1991), pense que notre corps représente notre esprit inconscient et que ce dernier sera mieux abordé par des thérapies facilitant l’expression du cerveau droit, telles que le travail sur les rêves ou l'art-thérapie. Il est important d’aborder les états émotionnels, car les émotions négatives sont durablement stockées dans le corps physique et doivent être libérées avant que la guérison ne puisse se produire. Ces émotions négatives stockées peuvent créer de nombreux problèmes émotionnels et peuvent même être à l'origine de maladies.
Les émotions négatives accumulées au cours d'une vie sont stockées, non seulement dans la mémoire, mais aussi dans le corps physique. Ces émotions stockées peuvent devenir une partie intégrante de notre personnalité et de notre identité. Ces émotions qui ne représentent pas la vraie nature d'un individu peuvent cependant bloquer sa réussite dans divers domaines de sa vie. Se concentrer directement sur les émotions incarnées peut créer un changement trans-contextuel. C'est également une manière de contourner les blocages conscients et de faire appel à la créativité de l'esprit inconscient. Travailler à ce niveau garantit que les changements sont écologiques et en accord avec les valeurs les plus profondes de l'individu. Ce type de travail de changement possède souvent une dimension spirituelle.
Cet article décrit une approche structurée pour travailler avec des métaphores incarnées. L'approche proposée repose sur le travail de Robert Dilts (1990) qui consiste à combiner les états problématiques avec les états de ressources pour créer un état désiré. Lorsque l'on travaille avec des métaphores, le processus peut être résumé comme suit :
Métaphore du problème + métaphore des ressources = métaphore du résultat souhaité.
L'idée de base de ce processus est que les individus possèdent les ressources dont ils ont besoin et que ces ressources ont été masquées par des émotions négatives. Une fois que les émotions négatives ont été libérées du corps, l'individu peut accéder à ces états de ressources plus riches. Outre les états que nous considérons habituellement comme des émotions, tels que la colère ou la culpabilité, des états tels que la confusion ou le "je ne sais pas" peuvent être abordés avec succès grâce à ce processus de métaphore incarnée. En un sens, il s'agit d'un processus qui aide les individus à devenir ce qu'ils sont censés être.
Les étapes du processus
1) identifier l'état à traiter,
2) développer la métaphore corporelle associée,
3) identifier un moment antérieur à la métaphore du problème,
4) développer ou créer une métaphore de ressource,
5) inviter la métaphore de la ressource à interagir avec la métaphore du problème,
6) vérifier les résultats.
En plus de la connaissance de la PNL, cet article suppose une compréhension de base du langage propre. Dans leur ouvrage Des métaphores dans la tête (Metaphors in Mind), James Lawley et Penny Tompkins (2000) délivrent une description complète du Clean Language.
1. Identifier l'état émotionnel problématique
L'état présent du problème peut être une émotion unique ou un schéma comportemental problématique. Ces schémas comportementaux peuvent être des expressions de l'identité ou de la personnalité de la personne. (De futurs articles décriront comment identifier et modifier les états d'identité et de personnalité). Le point le plus important est d'utiliser le langage du client pour identifier l'état à traiter.
2. Développer la métaphore du problème
L'étape suivante consiste à faire décrire les sous-modalités kinesthésiques associées à l'état problématique. Les premières questions serviront à découvrir la localisation dans (ou autour) du corps physique du problème et à déterminer sa taille et sa forme. Les questions utiles ici sont les suivantes : "Et où se trouve cette colère ?" et "La colère a-t-elle une forme ou une taille ?". Une fois que les sous-modalités kinesthésiques ont été décrites, demandez au client " C’est ...comme quoi ? ". Par exemple, si les sous-modalités kinesthésiques décrites sont « c’est ovale, bosselé et brun », demandez : " Et ovale, bosselé et brun comme quoi ? " Par exemple la réponse peut être "Rocher". Le rocher devient alors la métaphore d’une localisation physique dans le corps.
3. Identifier un moment antérieur à la métaphore du problème
L'étape suivante consiste à identifier un moment avant que l'individu ne connaisse l'état problématique. Il est bon de choisir un moment dans lequel la personne se sentait pleine de ressources. Il n'est pas forcément utile de rechercher le moment qui précède immédiatement l'état problématique, car il peut s'agir d'un autre état problématique. Si l'état problématique est un grave traumatisme, vous risquez d'associer la personne à un souvenir traumatique. Une bonne question serait ici : "Pouvez-vous vous souvenir d'une période de vie dans laquelle vous n'aviez jamais eu le Rocher et où vous vous sentiez en sécurité (ou à l'aise, etc.) ?" Demandez ensuite : "Et quel âge pourrais-tu avoir ?" L'âge, par exemple Cinq ans, deviendra le nom du soi plus jeune plein de ressources.
4. Développer une métaphore de la ressource
Il existe plusieurs façons de développer une métaphore de ressources. En voici quelques méthodes simples. La première consiste à utiliser le soi plus jeune, tel que Cinq, comme métaphore de la ressource. Une autre consiste à développer la métaphore de l'état dans lequel se trouvait le soi plus jeune. Avant le Rocher, Cinq se sentait peut-être dans un état d'âme de type Coucher de soleil ou Chaud flou. Si le client a vécu un événement particulièrement traumatisant, il peut ressentir le besoin d'être aidé et soutenu. Cette aide est souvent de nature spirituelle. Une bonne question pourrait être : "Et est-ce que Cinq aimerait bénéficier d'une aide ?" Voici quelques exemples d'aides : Gros nounours, Anges, ou Bouddha. Les aides représentent un aspect de l'individu ou de son système de croyances. Il est intéressant de noter que les aides peuvent ne pas correspondre aux croyances spirituelles de l'adulte.
5. Invitez les métaphores à interagir
Une fois que les métaphores de l'état du problème et des ressources ont été développées, invitez-les à interagir. Il est important de ne pas forcer l'interaction. Les questions peuvent être les suivantes : "Et les anges seraient-ils intéressés par la visite de Cinq ?" et "Et qu'est-ce que Gros nounours aimerait faire avec Rocher ?". Pendant cette étape du processus, il suffit souvent de faire avancer le processus en demandant : "Et que se passe-t-il ensuite ?" Continuez le processus jusqu'à ce qu'il y ait une résolution. Une résolution se produit lorsque la métaphore du problème a été transformée ou déplacée, ou encore lorsque l'état ressource ou son accompagnateur(trice) atteignent un point final qui apparait logique. La métaphore du problème peut se transformer en quelque chose d'autre, par exemple le Rocher devient une Lumière jaune, ou le Rocher est déplacée vers le mur. Un point final peut souvent être une activité appropriée à l'âge du jeune (cinq ans), par exemple un goûter ou une sieste.
La phase d'interaction peut ne pas être simple et directe. D'autres états peuvent devoir être abordés, ou des métaphores de ressources supplémentaires peuvent être nécessaires. Cela dépend de la nature et de la gravité de l'état problématique. Un problème courant est la découverte d'un état "je ne sais pas" qui doit être guéri avant que l'état initial puisse être traité.
6. Vérifier les résultats
Un aspect important de la vérification des résultats consiste à déterminer s'il y a eu un changement dans la métaphore de l'état problématique. Le soi adulte n'a pas besoin de comprendre ce que signifie ce changement. Un autre aspect de la vérification des résultats consiste à déterminer si toutes les parties de l'individu sollicitées dans le processus sont restées à leur place et sous leur forme appropriée. Les moi plus jeunes peuvent vouloir ou avoir besoin de grandir et les accompagnateurs (trices) peuvent avoir besoin de revenir à leur source. On y parvient généralement en posant quelques questions simples : "Et est-ce que l'une des parties que nous avons abordées aujourd'hui a besoin de quelque chose de plus ?", "Et est-ce que Cinq veut grandir ?", et "Et est-ce que ce processus vous semble complet ?".
Le processus de guérison par les métaphores incarnées est utile pour traiter un certain nombre d'états problématiques. Il peut s'agir d'émotions problématiques, d'états dépourvus de ressources, de croyances et même d’amélioration d'états ressources. Une fois que la personne s'est familiarisée avec ce processus, elle peut immédiatement reconnaître que l’émotion éprouvée résulte d'anciennes émotions négatives stockées. De nombreuses personnes ayant ressenti une connexion avec leur métaphore de ressource ont été en mesure de l’utiliser en cas de besoin dans d'autres situations.
L'une des façons les plus efficaces d'utiliser ce processus est d'aider les personnes à guérir des schémas comportementaux négatifs. La personne devient ainsi plus congruente et mieux à même de répondre aux défis de la vie. Une fois que l'énergie négative stockée est libérée, les personnes peuvent faire l'expérience d'une créativité accrue et d'une meilleure capacité à utiliser leurs émotions comme de précieuses ressources.
Copyright © Donna Weber, 2002 Article initialement publié dans Anchor Point, The Practical Journal of NLP, Vol. 16, No. 7, July 2002 ; puis sur le site The Clean Language Collection, sous le titre Healing Embodied Metaphors: Becoming the Person You Were Meant to Be ; Donna Weber est une conseillère et une maître praticienne PNL. Elle travaille avec des particuliers et des entreprises dans un cabinet privé aux États-Unis.
Pour plus d'informations sur l'utilisation des métaphore dans de champ de la santé, lire l'article L'esprit, les métaphores et la santé, par penny Tompkins et James Lawley
Références
Damasio, Antonio (1999). The Feeling of What Happens. New York: Harcourt Brace & Company.
Dilts, Robert, Hallbom, Tim, and Smith, Suzi (1990). Beliefs Pathways to Health. Portland, OR: Metamorphous Press.
Lawley, James and Tompkins, Penny (2000). Metaphors in Mind London: The Developing Company Press. www.cleanlanguage.co.uk
Lakoff, George and Johnson, Mark (1980). Metaphors We Live By. Chicago: The University of Chicago Press.
Lakoff, George (1987). Women, Fire, and Dangerous Things. Chicago: The University of Chicago Press.
Pert, Candace (1999). Molecules of Emotion. New York: Touchstone Books.