Cet article explore les idées de base sur la transe : la transe est un processus d’absorption dans l'inconscient créatif ; Toutes les transes ne sont pas égales ; La transe est naturaliste et elle est nécessaire sur le plan psychobiologique ; L'hypnose est un contexte psychosocial pour humaniser et façonner la transe.
Pour se souvenir de l'autre monde dans ce monde
c'est vivre dans ton véritable héritage.
To remember the other world in this world
is to live in your true inheritance.
David Whyte “what to remember when walking”
Dans les textes précédents, j'ai décrit comment l'approche du Soi Génératif distingue deux mondes : (1) le monde classique de l'esprit conscient et (2) le monde quantique de l'inconscient créatif. Ces mondes sont complémentaires et se réalisent mutuellement, et pour parler d’une manière simple, « l'inconscient créatif est le visionnaire, tandis que l'esprit conscient est le gestionnaire. » Vous avez besoin des deux pour vivre une vie créative et épanouissante.
Bien sûr, vous n'avez pas besoin des deux à tout moment. Dans les moments de routine, lorsque vous devez simplement faire ce que vous avez fait dans le passé, vous n'avez pas vraiment besoin de l'inconscient créatif. Par exemple, pour chercher une tasse de café le matin, vous n'avez pas besoin d'être dans un état hautement créatif. Mais il y a inévitablement des moments de vie dans lesquels ce que vous avez fait dans le passé ne vous aidera pas à faire face au défi actuel.
Dans ces moments, vous devez créer quelque chose de nouveau, une nouvelle façon de considérer les choses, une nouvelle façon de vous comprendre, une nouvelle façon d'agir dans le monde. C'est précisément là que la transe générative est un état utile, car elle vous permet de penser, d'expérimenter et d'agir de manière nouvelle. Cet article a pour but d’explorer cette compréhension de la transe. Cinq idées de base seront proposées :
- La transe comme absorption dans l'inconscient créatif.
- Toutes les transes ne sont pas égales.
- La transe est naturaliste.
- La transe est nécessaire sur le plan psychobiologique.
- L'hypnose est un contexte psychosocial pour humaniser et façonner la transe.
La transe comme absorption dans l'inconscient créatif
En termes généraux, la transe peut être définie comme suit : (1) une suspension temporaire du monde classique de l'esprit conscient, et (2) une absorption expérientielle dans le monde quantique de l'inconscient créatif.
La plupart des adultes passent la majeure partie de leur temps dans le monde « gestionnaire » de l'esprit conscient. Ils sont à un pas de l'expérience directe, pensent à des choses, analysent et s'inquiètent. L'esprit conscient est un monde défini et maintenu en place par des descriptions et des règles verbales. Il s'agit de croyances, d'attentes, d'obligations et d'histoires sur qui vous êtes et pourquoi, et sur ce que vous pouvez attendre de votre futur. Il est facile de rester coincé dans cette « boîte à identité », succombant à ce que Henry David Thoreau appelait « Vivre dans un paisible désespoir »
La transe est un moyen d'en sortir, un réveil dans le monde quantique des possibilités infinies. Lorsque vous entrez en transe, les contraintes de la boîte de l'ego sont temporairement suspendues. Vous laissez tomber la pensée analytique et les perceptions conditionnées pour vous immerger dans l'océan de la conscience primitive, un monde d'images, de sentiments, de symboles, de mouvements et d'énergies. Comme dans les rêves ou les jeux, en transe vous pouvez aller n'importe où et de n'importe où ; la réalité classique normale fait place à un champ quantique plus subtil de possibilités créatives. Toutes les structures ordinaires de l'identité qui sont habituellement fixes « temps, significations, incarnation, mémoire, logique, cartes cérébrales » deviennent variables, libres de générer de nouveaux modèles et identités.
Toutes les transes ne s'égalent pas
Cependant, l'immersion dans ce nouveau monde ne garantit pas la production de nouvelles possibilités. Les transes de qualité médiocre, par exemple les « distractions, transes de télévision, engourdissement », peuvent vous apporter une pause au cours du processus actif de l'ego, mais ne font pas grand-chose pour rafraîchir ou transformer votre conscience. D'autres transes sont carrément négatives, par exemple « la dépression, l'anxiété, la dépendance, le ressentiment, l'apitoiement sur soi ». Nous verrons que ce qui rend ces transes négatives est la relation humaine avec l'inconscient, et qu'en changeant cette relation en une relation positive, on peut les transformer en transes positives. Dans les transes « positives mais non transformatrices " vous vous détendez et ressentez un véritable sentiment de sécurité, mais cela ne change rien à vos schémas fondamentaux. Ce sont des "expériences agréables" qui ne font pas vraiment de différence durable.
J'ai étudié avec Milton Erickson, tout en poursuivant mes études supérieures de psychologie à l'Université de Stanford qui possédait alors le plus grand laboratoire d'hypnose du monde, dirigé par le grand psychologue expérimental Ernest Hilgard. C'est là que les fameux tests standardisés d'hypnotisabilité ont été développés. J'ai donc eu cette expérience intéressante de réaliser les inductions hypnotiques standardisées dans le laboratoire de l'université, puis de rendre visite à Erickson et de faire l'expérience d'un type de transe totalement différent. Pour moi, ce sont des pommes et des oranges : les transes développées par la suggestion standardisée produisent un type qualitativement différent d'expérience de transe par rapport à ce que vous pouvez et devriez développer dans un cadre thérapeutique, dans lequel les aspects uniques de chaque client sont les principaux ingrédients d’une « soupe de transe ».
Les inductions standardisées ignorent complètement les éléments uniques d'une personne, et à juste titre : elles visent avant tout à développer un état expérientiel relativement uniforme afin de pouvoir effectuer des recherches habituelles. En thérapie l'objectif est bien sûr à l’opposé : il s'agit de créer un espace dans lequel les forces et les dimensions uniques de l'identité du client peuvent être accessibles et utilisées de manière créative pour la transformation et la guérison. Vous cherchez à développer une transe dans laquelle une personne peut aller au-delà de ses limites précédentes et créer quelque chose d'entièrement nouveau dans sa vie.
C'est la « transe générative », un état expérientiel dans lequel vous êtes profondément connecté à l'inconscient créatif, mais en conservant la présence intelligente de l'esprit conscient pour maintenir l'intention et travailler de manière créative avec les schémas/modèles et les re-modelages expérientiels. La transe générative unit l'esprit inconscient et l'esprit conscient en un troisième esprit « inconscient créatif » ou « transe générative » qui possède des propriétés et des potentiels extraordinaires.
La transe est naturaliste
« Écoutez, est-ce que vous respirez juste un peu et vous appelez ça une vie ?
Alors que l'âme, après tout, n'est qu'une fenêtre, et l'ouverture de cette fenêtre n'est pas plus difficile que le réveil d'un petit sommeil. » Mary Oliver
La transe est fondamentale pour la nature de la conscience. C'est un état dans lequel les humains doivent tomber périodiquement afin de renouveler, protéger, recréer et transformer leurs identités.
Cette idée, centrale dans le travail d'Erickson, est radicalement différente de la vision traditionnelle, qui définit la transe comme une expérience issue de quelque chose appelé « hypnose ». On pense à la transe comme quelque chose de très artificiel, un artefact de la technique hypnotique ou de la suggestion. En d'autres termes, on suppose généralement que la transe se produit parce qu'un hypnotiseur dit « Booga-booga-booga » et qu'avec ces incantations magiques, un étrange état exotique commence à se développer. Avec cette façon de penser, cet état est causé et contrôlé par une personne extérieure, à savoir l'hypnotiseur.
La thérapie est censée être un processus d'apprentissage d'un plus grand sens de son propre contrôle et de ses propres compétences, de la capacité à reprendre des projections, à revendiquer la responsabilité de sa propre voie, à trouver sa propre voix. L'idée traditionnelle de l'hypnose est totalement incompatible avec cela ; elle donne un autre exemple de quelqu'un d'autre qui définit votre vie ou vous dit ce que vous devez faire. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses personnes, si vous leur parlez d’hypnose, montrent quelques peurs, se disant « qu’elles ont déjà expérimenté ce que c’est que d’être contrôlé par quelqu’un d’autre. C'est ça le problème, pas la solution. Je suis ici pour dépasser cela, pas pour en faire plus ".
C'est pourquoi je n'utilise généralement plus le mot hypnose : il comporte trop de connotations à l’idée que l'esprit conscient d'une personne contrôle l'esprit inconscient d'une autre personne. Nous cherchons plutôt à ouvrir une relation créative et mutuellement respectueuse entre l'esprit conscient et l'inconscient créatif, à la fois entre les personnes et à l'intérieur de celles-ci.
En anglais, nous avons deux mots différents pour désigner l'apprentissage. Le premier est « instruction », qui signifie « emballer » Le second est « éducation », qui signifie « toucher ce qui est déjà là. » La transe générative, dans la continuité de la tradition d'Erickson, s'oriente vers cette seconde vision. Ainsi, au lieu de concevoir la transe comme un étrange état artificiel, nous devenons curieux des nombreuses expériences de transe qu'une personne possède déjà. Par exemple, il peut être utile de demander :
Lorsque vous avez besoin de vous connecter à vous-même, quelles sont les choses que vous faites ?
Quelles sont les situations dans lesquelles vous avez perdu la notion du temps et de tous vos soucis ? Pouvez-vous vous souvenir de moments où vous avez ressenti un sentiment d'émerveillement ?
Pour la plupart des gens, les réponses ne sont pas surprenantes : il s'agit d'activités ordinaires et relativement peu coûteuses comme lire, marcher dans la nature, cuisiner, méditer, écouter ou jouer de la musique, etc. Chacune de ces activités représente une pratique esthétique permettant de lâcher les structures de contrôle de l'esprit conscient et de s'ouvrir à l'absorption expérientielle de quelque chose qui se trouve au-delà de votre ego, à savoir l'intelligence de l'inconscient créatif. C'est ce que nous faisons dans le travail de transe. Nous nous accordons aux expériences naturelles et créons un champ unifié sûr et résonant qui permet à toutes les parties d'une identité systémique d'être présentes en toute sécurité. Nous ajoutons ensuite d'autres ingrédients, par exemple des ressources et d'autres expériences positives, puis nous « remuons la soupe » pour découvrir comment ces différents schémas expérientiels peuvent se mélanger pour former un aliment nourrissant et transformateur pour l'âme.
La compréhension qu'avait Erickson de la transe ne provenait pas essentiellement d'une prise de conscience intellectuelle ou conceptuelle, mais de sa propre expérience. Elle est née de son immense curiosité et du fait qu'il a dû faire face à un ensemble inhabituel de défis dans sa vie. Il a décidé que la meilleure façon de faire face à ses défis était de les accepter profondément, d'une manière qui lui permettait de devenir affectueux et curieux de savoir comment chacun de ces schémas uniques pouvait être un cadeau plutôt qu'une malédiction ; comment ces défis pouvaient vraiment être des aspects positifs de sa vie plutôt que négatifs.
Par exemple, lorsqu'il a contracté la polio, les médecins lui ont dit qu'il ne pourrait plus jamais bouger. Il a pensé que c'était une "suggestion" intéressante, et il a commencé une série d'explorations intérieures profondes. Il avait 17 ans, il ne connaissait pas formellement l'"hypnose" ou la "transe", mais il savait comment utiliser son imagination. Il se plongeait donc dans ces états profonds d'absorption intérieure et devenait curieux de ce qu'il pouvait apprendre. Il se mettait en accord avec des expériences agréables oubliées depuis longtemps, par exemple le souvenir d'avoir lancé une balle avec ses frères lorsqu'il était enfant. Il ne savait pas pourquoi il se souvenait de cela, mais une résonance intérieure semblait l'encourager à se plonger profondément dans ce souvenir. Après des semaines, voire des mois, une chose étonnante se produisit : les muscles impliqués dans ce souvenir d'enfance commençaient à se réactiver dans son corps actuel. En d'autres termes, le souvenir naturel d’avoir lancé une balle est devenu une ressource centrale et une structure de référence pour réactiver le même schéma dans sa vie actuelle. Sa transe s'est développée à partir d'expériences simples et non forcées, et les souvenirs naturels sont devenus la base d'un nouvel apprentissage.
La transe et d'autres processus non rationnels sont nécessaires sur le plan psychobiologique.
Je vis ma vie en cercles croissants
qui se meuvent au-dessus des choses.
Je n’accomplirai peut-être pas le dernier,
mais je veux l’essayer.
Je tourne autour de Dieu, autour de la tour immémoriale
et je tourne depuis des siècles ;
et ne le sais toujours pas : suis-je un faucon, une tempête,
ou bien un immense chant ?
Rainer Maria Rilke
Dans le travail de transe générative, nous partons du principe que les symptômes et toutes les soi-disant pathologies ne sont pas seulement potentiellement positives, mais qu'elles sont nécessaires à une croissance significative. Elles sont ce que l'on appelle en gaélique « anam cara », ou « Amis de l’Ame ». Le cerveau a besoin d'entrer dans des états non rationnels ; une personne a besoin de perdre le contrôle au moins occasionnellement. Chaque vie est une spirale de cycles de mort et de renaissance. Les empires s'élèvent, les empires tombent ; l'identité de l'ego est stable, l'identité de l'ego devient instable ; vous avez le contrôle, vous n'avez pas le contrôle. Lorsque l'identité du moi se déstabilise, la transe se produit spontanément. La question principale est de savoir si cela se produit de manière positive ou négative. Dans le travail de transe générative, nous voyons comment cela peut se faire de manière positive, y compris comment des transes apparemment négatives peuvent être transformées en transes positives.
L'idée que les états modifiés de conscience font partie intégrante de la croissance et de la santé est magnifiquement exprimée par Michael Ventura, un écrivain américain qui a passé une année à enseigner la poésie à des lycéens. En racontant son expérience, il parle de l'importance centrale de l'art pour la conscience humaine. (Dans la citation, j'ai mis entre parenthèses les mots "symptômes" et "transes", car ils s'appliquent parfaitement). Voici ce qu'il dit :
« Pourquoi l'art (et les symptômes et la transe) existe-t-il ? En partie du moins, l'art (et les symptômes et la transe) existe parce que la vie quotidienne normale ne suffit pas à personne et ne l'a jamais fait. L'étudiant (comme le client dans le cabinet de consultation) n'est pas un monstre, n’a pas tort d'être frustré par les limites de la vie quotidienne. Tout ce dont l'humanité est fière, et de nombreuses choses dont elle a de bonnes raisons d'avoir honte, viennent du fait qu'elle a testé et brisé ces limites. Quelque chose dans le monde, quelque chose que les êtres humains expriment, façonnent et conservent dans l'art (et les symptômes et la transe) nous communique constamment qu'il y a quelque chose de plus. Et il ne se contente pas de nous inviter à changer, mais nous dit que nous devons le faire. C'est le point de départ, c'est le point central de la géographie spirituelle des arts (et des symptômes et des transes) : à tout moment, on peut sortir de l'état dans lequel on se trouve et faire quelque chose de plus intense, voire d'exalté. De cette façon, la poésie (et la transe) est un médicament préventif contre la maladie incroyablement débilitante de l'idéalisation du normal. Au minimum, la poésie et l'art (et la transe et les symptômes) enseignent qu'il est normal que le normal soit fragile, qu'il puisse se briser à tout moment en un ou plusieurs de ses nombreux éléments paradoxaux. La poésie (et la transe) vous apprend à toujours être à l'affût de l'extraordinaire dans ce que l'on appelle le "normal". Et cela, en effet, est un savoir qui guérit." (mots en italique ajoutés)
Ces mots véhiculent une grande sagesse. Quand les limites de l'état conscient de d'identité deviennent trop fortes, l'inconscient créatif s'avance pour apporter de nouvelles expériences et ressources. La forme, la signification et la valeur spécifiques de l'expérience sont déterminées par la connexion humaine à celle-ci. L'une des idées cruciales de la transe générative est la suivante :
Un modèle d'expérience issu de l'inconscient créatif peut être positif ou négatif, en fonction de la connexion humaine à celui-ci.
Autrement dit, il n'y a pas de significations ou de valeurs innées attribuées à une expérience. Pour reprendre les termes d'un texte précédent, la réalité est construite par un observateur (la conscience humaine) qui interagit avec le monde quantique de l'inconscient créatif. En termes plus clairs, l'état dans lequel vous vous trouvez lorsque vous vous connectez à un modèle d'expérience détermine sa signification, sa valeur, sa forme et ce qu’elle devient ultérieurement.
Une expérience qui est perçue comme n'ayant aucune valeur positive, reflètera une histoire relationnelle dans laquelle le schéma n'a pas été valorisé positivement.
Par exemple, considérons la sexualité, une énergie et un modèle de base de chaque être humain. Fondamentalement, elle se situe au-delà du bien et du mal, elle est tout simplement. Imaginons maintenant que cette énergie sexuelle s'éveille pour la première fois chez un jeune garçon, et que sa famille et son environnement social en soient les témoins. Confrontée à une présence humaine négative (hostilité, anxiété, etc.), cette connexion relationnelle créera une expérience négative de la sexualité chez le garçon. L'image identitaire qui en résultera pourra-être encore renforcée, conduisant à une identité sexuelle négative qui se manifeste de diverses manières à l'âge adulte. Mais les comportements sexuels négatifs à l'âge adulte ne signifient pas que sa sexualité est intrinsèquement mauvaise, mais simplement que les liens relationnels humains antérieurs avec elle étaient négatifs.
C'est là que le travail en transe peut être utile : il permet de libérer les cadres psychologiques antérieurs (c'est à cela que sert l'induction) et de développer de nouveaux cadres, ce qui permet d'expérimenter et d'exprimer une carte d'identité plus positive. Cela nous permet de distinguer (1) l'expérience psychobiologiquement nécessaire de la transe de (2) le contexte relationnel humain psychosocial (tel que l'hypnose) utilisé pour la façonner et lui donner de la valeur.
L'hypnose est un contexte permettant d'humaniser et de façonner la transe
A chaque instant, une nouvelle espèce surgit dans la poitrine.
Maintenant un démon, maintenant un ange, maintenant un animal sauvage.
Il y a aussi ceux dans cette étonnante jungle
qui peuvent vous absorber dans leur propre abandon.
Si vous devez traquer et voler quelque chose, volez-les.
Rumi, A goat kneels
La transe peut être négative ou positive, selon la présence humaine qui s'y connecte. Elle peut prendre de nombreuses formes : en Afrique les transes se traduisent souvent par de sauvages secousses ; à Bali, elles s'expriment sous forme de possession sensuelle ; en Occident les transes impliquent le plus souvent un corps immobile ou avachi suivant les ordres verbaux de l'expert extérieur (hypnotiseur).
Cette infinie variété de formes et de fonctions de la transe nous permet de voir clairement la différence entre transe et hypnose. La transe est l'expérience psychobiologiquement essentielle de la conscience humaine qui se produit chaque fois que l'identité du moi est déstabilisée, tandis que l'hypnose est l'un des rituels psychosociaux qui donnent une forme humaine et un sens à la transe. La transe est l'expérience, l'hypnose est le contexte. Et bien sûr, à mesure que ce contexte change, la forme et la signification expérientielle de la transe changent.
En considérant la qualité d'une expérience de transe comme le reflet du contexte humain dans lequel elle se déroule, nous pouvons alors percevoir la transe négative d'un symptôme comme le reflet d’un état de conscience altéré dans lequel l'inconscient créatif est maintenu. Par exemple, si vous êtes enfermé dans le blocage neuromusculaire de la lutte, de la fuite ou de la sidération, toute expérience qui se présente aura tendance à être vécue et exprimée de manière négative. Plus important encore, si vous pouvez mettre l'accent sur le développement et le maintien d'un état de flux créatif de haut niveau, toute expérience qui se présente peut-être "invitée à prendre le thé" et accueillie avec confiance, curiosité, ingéniosité et compétence transformationnelle. C'est la prémisse sous-jacente du principe de Milton Erickson : une expérience négative peut être transformée en une expérience positive en l'amenant dans un état élevé de conscience, c'est-à-dire une transe générative dans laquelle elle est engagée avec une acceptation créative, un parrainage habile, un respect et une curiosité authentique. Telle est la promesse de ce travail et la beauté de cette pratique.
Stephen Gilligan- Mars 2017
Stephen Gilligan- Docteur en psychologie, psychothérapeute, hypnothérapeute et coach. Docteur en psychologie (Standford University) et psychothérapeute américain, élève de Milton Erickson et de Grégory Bateson, il fut un des premiers étudiants puis contributeurs de la PNL. Reconnu comme l'un des grands continuateurs de Milton Erickson, salué pour son travail sur les processus de reconnexion corps/esprit et les états de transe générative favorisant les changements profonds, il intervient régulièrement dans le monde entier et notamment à Paris (Institut Repères). Il est auteur chez InterEditions (2015) de l'Hypnose générative, ou l'expérience du flow créatif et,avec Robert Dilts, chez InterEditions (2011) du Voyage du héros – Un éveil à soi-même
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Source : The Nature Of Trance ; Stephen Gilligan, 15 mars 2017