Pour répondre aux nouveaux enjeux socio et économiques, la médecine de l’ère industrielle à visée réparatrice doit se transformer et apporter de nouveaux modèles. De nombreuses recherchent existent à travers le monde. Selon le Pr Leroy Hood, un biologiste américain qui a théorisé le concept de la médecine des 4P, « l’art médical nécessite une transformation vers une discipline pro-active avec comme objectif ultime la santé globale de l’individu ».
La médecine du futur se focalise non plus sur la maladie après son apparition avec un traitement standardisé, mais sur l’individu dans sa globalité, avec une approche «Prédictive », « Personnalisée », « Préventive » et « Participative ».
Une médecine personnalisée
L’approche est personnalisée car elle tient compte du profil unique de l’individu, avec sa propre histoire, ses besoins et ses objectifs personnels. Si la médecine d’aujourd’hui se focalise sur la maladie et la recherche de traitements standardisés pour le plus grand nombre, la médecine personnalisée se focalise sur l’individu dans sa globalité, la recherche de solutions curatives ou préventives adaptées à une situation individuelle, et la prise en compte du pouvoir de décision du sujet sur sa propre santé.
Une médecine préventive
L’approche est préventive car elle cherche à réduire les risques de survenue des maladies (prévention primaire par une bonne hygiène de vie), à favoriser le dépistage précoce des maladies (prévention secondaire), ou à améliorer la qualité de vie de personnes atteintes de maladies chroniques (prévention tertiaire). Cette approche se focalise plus sur le mieux-être de la personne que sur la maladie et repose sur des stratégies d’éducation et de motivation en matière de santé.
Une médecine prédictive
L’approche est prédictive car elle cherche à calculer le plus tôt possible le risque encouru par une personne de développer un jour une maladie. Une cartographie précise et personnalisée des facteurs de risques des maladies (séquençage du génome humain et autres paramètres biologiques, etc…), précise si votre mode de vie est adapté au terrain sur lequel il se développe, et propose selon les résultats des tests une prescription individualisée médicamenteuse ou non médicamenteuse en cas d’intolérance possible.
Une médecine participative
L’approche est participative car elle repose sur l’autonomisation, la responsabilisation et les ressources du sujet.Une meilleure connaissance du fonctionnement de son corps apporte la liberté de choisir le comportement ou le traitement le plus adapté pour optimiser sa santé, ses performances physiques, mentales et émotionnelles et son mieux-être global. Chacun peut être acteur de sa santé, en participant pleinement aux décisions relatives à sa santé.
Cette médecine des 4 P se base sur la compréhension globale des rapports intimes du patient avec sa maladie, au sens microscopique (moléculaire, biochimique, métabolique, cellulaire ou organique) et aussi macroscopique (psycho-spirituel, socio-culturel).
Cette médecine des 4 P permet a chacun de décider en grande partie de sa santé et de se prendre en charge plus facilement. Cette médecine des 4P constitue un changement de paradigme par rapport à la médecine d’aujourd’hui car elle donne à chacun un pouvoir sur sa santé. En dehors des aspects prédictifs qui se préoccupent des facteurs génétiques du sujet, les trois autres aspects (Personnalisée, Préventif, Participatif) sont en rapport avec l’environnement externe (espace de vie et de travail) et interne (capacités, croyances et valeurs, identité et spiritualité) du sujet, et du domaine de l’épigénétique.
Cette nouvelle vision de la maladie et de la santé ouvre de nombreux espaces de liberté et de possibilités d’intervention pour agir sur sa santé. Et ces nouveaux champs d’interventions soulignent également les besoins humains qui devront être mis à la disposition des sujets, pour les accompagner pleinement dans leur prise de pouvoir sur leur santé. La personnalisation, la participation, la prévention… autant d’actions qui sollicitent les ressources du sujet et qui ne peuvent être efficace que dans un cadre relationnel de confiance. De nombreux professionnels de santé devront se former à la posture de coach, et de nombreux professionnels de l’accompagnement sauront proposer leurs services.
Jean Luc Monsempès, 29 juin 2019