Une nouvelle étude montré une incidence plus élevée des maladies auto-immunes chez les personnes diagnostiquées de troubles liés au stress.
Les auteurs de l'étude concluent sur la possibilité que le stress soit un facteur causal de maladies auto-immunes, telles que la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus.
Les maladies auto-immunes résultent d'un dysfonctionnement du système immunitaire conduisant ce dernier à s’attaquer aux constituants normaux de l’organisme. C’est par exemple le cas dans le diabète de type 1, la sclérose en plaques, le psoriasis ou encore la polyarthrite rhumatoïde. Le système immunitaire de l'organisme s’attaque à ses propres tissus. Il existe un grand nombre de maladies auto-immunes. A ce jour on considère que les maladies auto-immunes sont multifactorielles, par exemple l’association de facteurs génétiques, endogènes (Hormones, inflammation chronique, microbiote intestinal), exogènes et/ou environnementaux (virus Epstein-Barr, tabagisme, polluants environnementaux, ultraviolets, stress ou la nutrition, médicaments anticancéreux). Mais le lien entre stress et maladies auto-immunes n’était pas considéré comme évident.
Le stress est une réponse normale d’adaptation de notre organisme aux contraintes et agressions subies chaque jour. Cette adaptation concerne les systèmes de régulation et de défense, qu'ils soient physiques ou psychologiques, cardiaques ou endocriniens, neurologiques ou psychologiques. L’état de stress n’est pas une maladie en soi, mais par son intensité et sa durée, il peut menacer la santé physique et mentale des personnes. Par exemple, l’hypertension artérielle, l’artériosclérose, les infections, les maladies dégénératives, le diabète, les troubles digestifs, les douleurs articulaires, les maux de tête, les ulcères, les allergies et les infections cutanées sont des altérations fréquentes, le SSPT et les dépressions.
L’étude d’observation a comparé les tendances à développer une maladie auto-immune chez trois groupes : a) 100 000 personnes diagnostiquées pour des troubles liés au stress, b) 126 000 proches (frères et sœurs), c) un autre million de personnes sans troubles liés au stress.
L'étude a montré que les personnes chez qui on avait diagnostiqué un trouble lié au stress : a) étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de maladie auto-immune (environ 9 pour 1 000 patients-années (1) ayant des troubles liés au stress, mais seulement 6 pour 1 000 patients-années environ parmi ceux qui n'ont pas de troubles liés au stress), b) étaient plus susceptibles de développer de multiples maladies auto-immunes, c) avait un taux plus élevé de maladies auto-immunes si elle était plus jeune.
Chez les personnes souffrant de SSPT traitées avec un antidépresseur de type ISRS (Inhibiteur Sélectif des Récepteurs de la Sérotonine) le taux de maladies auto-immunes était moins important que prévu. Les chercheurs ne savent expliquer pourquoi la prise d’antidépresseurs réduit le risque de maladies auto-immunes.
Cette étude d'observation ne peut pas conclure que les troubles liés au stress provoquent réellement une maladie auto-immune. Selon les auteurs, pourrait y avoir d'autres explications à ces résultats. Par exemple, la maladie auto-immune aurait été déjà présente avant le diagnostic du trouble lié au stress ; ou les personnes ayant vécu des situations très stressantes peuvent avoir une plus grande susceptibilité à fumer, le tabagisme ayant été associé à un risque accru de certaines maladies auto-immunes, comme l'arthrite rhumatoïde et la sclérose en plaques. De plus cette étude a inclut le diabète de type 2 parmi les 41 maladies auto-immunes examinées. Pourtant ce type de diabète le plus courant n'est pas considéré comme une maladie auto-immune. Des résultats différents auraient pu être constatés si des définitions plus strictes des maladies auto-immunes avaient été appliquées.
En attendant une réponse définitive sur le rôle du stress ou des troubles liés au stress dans le déclenchement des maladies auto-immunes, les chercheurs posent la question de savoir si un traitement des troubles liés au stress est en mesure de prévenir les maladies auto-immunes.
(1) Les années-patients est une expression qui combine le nombre et la durée des personnes évaluées dans une étude. Si la fréquence d'une maladie est de 9 pour 1 000 patients-années, cela signifie que 9 personnes développeraient la maladie parmi ,1000 patients suivis pendant 1 an, ou parmi 500 patients suivis pendant 2 ans, et ainsi de suite).
Commentaire pour les psychothérapeutes et coachs de santé
La science est en train de démontrer ce que de nombreux patient diront à propos du lien entre la survenue d’une maladie auto-immune après la survenue d’un choc émotionnel, parfois récent, parfois très ancien et remontant à l’enfance. Une manière d’obtenir une réponse scientifique sur le lien entre troubles du stress et maladies auto-immunes, serait de prendre le problème à l’envers en posant la question suivante : un travail sur les représentations mentales des individus, et parfois des changements de croyance peut-il apporter, en plus des traitements conventionnels, des améliorations importantes de la symptômatologie des maladies auto-immunes ? Des psychothérapeutes et des patients y répondront par l’affirmative. Mais en science, les cas particuliers ne peuvent pas constituer des preuves.
Sources
Association of Stress-Related Disorders With Subsequent Autoimmune Disease
Huan Song ; Fang Fang; Gunnar Tomasson ; et alFilip K. Arnberg ; David Mataix-Cols ; Lorena Fernández de la Cruz ; Catarina Almqvist ; Katja Fall; Unnur A. Valdimarsdóttir, P
JAMA. 2018;319(23):2388-2400. doi:10.1001/jama.2018.7028
https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2685155