Accroitre votre niveau de bonheur peut vous amener à vous sentir en bonne santé.
Les interventions sur le niveau de bonheur des individus augmentent le sentiment de santé et réduit le sentiment de maladie. Mais sur une période de trois mois, l'augmentation du bonheur n'a pas eu d'effet sur les mesures objectives de la santé.
Les preuves du lien/corrélation entre bonheur et santé abondent dans la littérature scientifique. Nous savons que les personnes heureuses sont en meilleure santé que celles qui sont malheureuses. Le problème est de savoir s’il existe une relation de causalité entre les deux événements, autrement dit, est-ce que le fait d'être heureux conduit à une meilleure santé. Les personnes en mauvaise santé ont peut-être plus de mal à être heureuses que celles qui sont en bonne santé. Et les personnes en bonne santé adoptent davantage de comportements qui conduisent à une bonne santé à long terme. Enfin se sentir heureux permet-il également de se sentir en meilleure santé ?
Pour explorer de façon expérimentale la relation de cause à effet entre la santé et le bonheur, il convenait de pouvoir intervenir sur le niveau de bonheur des individus. C’est l'approche adoptée par Kostadin Kushlev et son équipe dans leur étude portant sur 155 adultes. La moitié des participants ont bénéficié d'une intervention de psychologie positive de 12 semaines au cours de laquelle ils ont appris diverses techniques (méditation de pleine conscience, la gratitude et le développement de meilleures relations sociales) permettant d'améliorer leur bonheur. L'autre moitié a été placée sur une liste d'attente : on leur a dit qu'ils recevraient l'intervention sur le bonheur plus tard, mais ils ont effectué tous les examens de santé en même temps que les personnes qui ont suivi la formation.
Les évaluations ont porté sur le niveau de bonheur et de santé perçu par les participants, ainsi que sur des mesures de santé physique, telles que la pression artérielle et l'indice de masse corporelle (IMC). Ces mesures subjectives et objectives de la santé ont été réalisées au début de l’étude, à la fin du programme de 12 semaines et trois mois après la fin de l'intervention de psychologie positive.
Les résultats montrent que les sujets ayant bénéficiés des interventions de psychologie positive ont accru de manière significative leur niveau de bonheur, ce qui n’a pas été le cas des personnes sur la liste d’attente.
Les évaluations réalisées en fin du programme d’intervention et trois mois plus tard, montrent que les personnes ayant suivi l'intervention se sentaient en meilleure santé et étaient moins malades que celles du groupe témoin. Au fur et à mesure que le programme se déroulait, l'augmentation du bonheur semaine après semaine entraînait une augmentation des sentiments de santé et une diminution des sentiments de maladie.
Par contre l'intervention de psychologie positive n'a influencé aucune des mesures de la santé physique. C’est-à dire que la pression artérielle et l'IMC ne différaient pas entre les groupes.
Ces résultats suggèrent que sur une période de six mois, le fait de favoriser l’élévation du niveau de bonheur amène les gens à se sentir en meilleure santé et à ressentir moins de malaises par rapport aux personnes qui n'ont pas suivi une intervention visant à accroître le bonheur.
Cette étude ne dit cependant pas comment l'augmentation du niveau de bonheur peut modifie rl'expérience subjective de la santé. Car sur la période de six mois, le bonheur ne modifie pas les marqueurs objectifs de santé. Les quelques hypothèses des chercheurs : a) les individus qui se sentent mieux, ont moins l'impression d'être malades ; b) le bonheur pourrait influencer la capacité de l'organisme à lutter contre la maladie, c) les personnes heureuses pourraient être plus disposées que les personnes malheureuses à adopter des comportements sains, comme bien manger ou faire de l'exercice, ou à adopter moins de comportements autodestructeurs, comme boire ou fumer de façon excessive.
Pour les chercheurs, la prochaine étape serait d’évaluer à plus long terme les effets des interventions de psychologie positive sur les marqueurs physiologiques de la santé en plus des appréciations subjectives de la santé. Et également de savoir si les interventions sur le bonheur peuvent conduire à davantage de comportements sains à long terme.
Commentaires pour les coachs de santé
L’intérêt de cette étude est de démontrer qu’il n’y a pas de liens évidents entre les niveaux objectifs de santé physique et les niveaux subjectifs de bien-être. Une personne en bonne santé physique peut se sentir malheureuse et une personne en mauvaise santé physique peut se sentir heureuse. Cela signifie que quelque soit l’état de santé objective d’une personne, il existe une marge de progression sur le niveau subjectif de bonheur et de bien être. Car on peut mourir avec un sentiment de paix ou d’être psychologiquement guéri. C’est bien souvent un aspect fort négligé par les professionnels de santé, en dehors des sons palliatifs. Il y a donc un besoin urgent d’une approche intégrative de la maladie et de santé, pour soigner le corps et accompagner le patient à développer ses ressources pour réduire son niveau de souffrance et accéder à plus de bonheur. Les coachs de santé ont de sacrés défis à relever.
Sources
Does Happiness Improve Health? Evidence From a Randomized Controlled Trial; Kostadin Kushlev, Samantha J. Heintzelman, Lesley D. Lutes, ...Psychological Science, First Published June 24, 2020 Research Article Find in PubMed ; https://doi.org/10.1177/0956797620919673
Does Feeling Happy Cause You to Feel Healthy, Too? Psychology today, May 24, 2022 Reviewed by Ekua Hagan