Les personnes ne veulent pas ressentir d'empathie, sauf s'ils pensent qu'ils en ont la compétence
Même si l'empathie envers les autres n'est pas financièrement coûteuse ou épuisante sur le plan émotionnel, les individus l'éviteront quand même s'ils pensent que l'empathie exige trop d'effort mental. L'empathie, qui est la capacité à comprendre les sentiments d'une autre personne, est souvent considérée comme une vertu qui encourage les comportements d'aide. Et pourtant de nombreuses personnes ne veulent pas ressentir d'empathie.
"Il est communément admis que les gens étouffent leurs sentiments d'empathie, par exemple lors de dons à des organismes de bienfaisance, parce qu'ils considèrent que cette empathie peut demander des efforts cognitifs, a déclaré C. Daryl Cameron " Les gens ne veulent pas faire l'effort mental de ressentir de l'empathie envers les autres, même lorsqu'il s'agit d'émotions positives."
L'étude à porté sur 11 expériences et plus de 1 200 participants. Les chercheurs ont conçu une "Tâche de sélection de l'empathie" pour vérifier si les coûts cognitifs, ou l'effort mental, pouvaient réellement dissuader l'empathie. Deux jeux de cartes contenant chacun des photos d'enfants réfugiés en difficultés ont été utilisées. Dans un cas, on a demandé aux participants de décrire simplement les caractéristiques physiques de la personne sur la carte. Pour l'autre cas, on leur a dit d'essayer de ressentir de l'empathie envers la personne se trouvant sur la photo et de penser à ce que cette personne pouvait ressentir. Les participants ont été invités à choisir librement l'une ou l'autre des deux options dans chaque essai. Dans d'autres expériences, les chercheurs ont présenté des images de personnes tristes ou souriantes. Lorsqu'on leur a donné le choix, les participants choisissaient en très grande majorité les situations qui ne nécessitaient pas d'empathie, même pour les photos de personnes heureuses.
"Nous avons vu une forte préférence pour éviter l'empathie même quand quelqu'un d'autre exprimait de la joie ", a dit Cameron.
Dans toutes les expériences, l'empathie n'a été privilégiée que dans 35 % du temps, ce qui mpontre une forte préférence pour les situations ne nécessitant pas d'empathie. Dans l'étude personne n'a été invité à donner du temps ou de l'argent pour soutenir les enfants réfugiés ou toute autre personne figurant sur les photos.
Après chaque expérience, la plupart des participants indiquaient que l'empathie était plus exigeante sur le plan cognitif, qu'elle exigeait plus d'efforts et qu'ils se sentaient moins à l'aise pour décrire les caractéristiques physiques des autres personnes que pour le faire. Les participants ayant déclaré que l'empathie était exigeante sur le plan mental ou qu'elle les rendait insécures, irrités ou en détresse étaient plus susceptibles d'avoir évité le jeu de l'empathie pendant les expériences.
Peut-on encourager les gens à ressentir de l'empathie s'ils pensent qu'ils sont bons dans ce domaine ? Dans deux expériences, on a dit à la moitié des participants qu'ils étaient à 95 % meilleurs que les autres sur les réponses au questionnaire sur l'empathie et 50 % meilleurs pour le questionnaire sur les caractéristiques physiques objectives, tandis que l'autre groupe recevait des commentaire disant le contraire. Les participants à qui on a dit qu'ils étaient bons pour ressentir de l'empathie étaient plus susceptibles de déclarer que l'empathie exigeait moins d'effort mental.
Les coûts cognitifs de l'empathie pourraient inciter les gens à l'éviter, mais il est possible d'accroître l'empathie en encourageant les gens à bien le faire, a dit Cameron.
"Si nous pouvons changer les motivations des gens à s'engager dans l'empathie, cela pourrait être une bonne nouvelle pour la société dans son ensemble ", a dit Cameron. "Cela pourrait encourager les gens à tendre la main aux groupes qui ont besoin d'aide, comme les immigrants, les réfugiés et les victimes de catastrophes naturelles".
Commentaires pour les coachs de santé
Ressentir de l'empathie pour l'autre implique d'en ressentir pour soi... ce qui peut paraître mentalement bien difficile pour certaines personnes compte tenu des injonctions internes. Dans le modèle de la Process Communication, on trouve des injonctions à ne pas ressentir ce qui se passe en soi (Drivers Sois fort du type Promoteur ou du type Rêveur ), ou des injonctons à ne pas faire confiance aux émotions (Sois parfait du Persévérant et Travaillomane). Le type de personnalité Empathique peut craindre de se sentir envahi par ses émotions .. et celles des autres. Ces injonctions peuvent constituer un obstacle à l'accueil de ce qui est présent en soi. Avoir de l'empathie pour l'autre, commence par l'empathie pour soi, c'est-à-dire une acceptation inconditionnelle de l'ensemble des émotions que nous pouvons vivre en tant qu'humain. L'autre est un miroir de moi, et je ne peux ressentir chez l'autre ce que je ne peux ressentir en moi. Les émotions que j'ai du mal à accueillir chez l'autres évoquent probablement les émotions que je refoule en moi. Si l'empathie est perçue comme exigeante au niveau cognitif, cela est le frein majeur au développement de l'intelligence émotionnelle.
Sources
C. Daryl Cameron, Cendri A. Hutcherson, Amanda M. Ferguson, Julian A. Scheffer, Eliana Hadjiandreou, Michael Inzlicht. L'empathie est un dur labeur : Les gens choisissent d'éviter l'empathie à cause de ses coûts cognitifs... Journal of Experimental Psychology : Général, 2019 ; DOI : 10.1037/xge000000595
American Psychological Association. "L'empathie est souvent évitée à cause de l'effort mental : Les gens ne veulent pas ressentir de l'empathie à moins de penser qu'ils sont bons à ça, selon l'étude." ScienceDaily. ScienceDaily, 22 avril 2019. .