L'utilisation de la méditation de pleine conscience facilite l'adoption d'habitudes de vie plus saines et s'avère efficace pour réduire la tension artérielle
Un programme d'enseignement personnalisé de méditation de pleine conscience développant des compétences pour modifier son alimentation, son activité physique, sa consommation d'alcool, son observance des traitements et gérer son stress, a permis de réduire considérablement la pression artérielle systolique six mois après le début de la participation au programme de pleine conscience.
L'hypertension, c'est-à-dire la force constamment élevée du sang qui circule dans les vaisseaux sanguins, est un facteur de risque de maladie cardiaque et d'accident vasculaire cérébral, qui sont respectivement la première et la cinquième cause de décès aux États-Unis.
Le programme de pleine conscienceavait pour objectif de former les participants à des compétences telles que le contrôle de l'attention, la conscience de soi et la régulation des émotions, puis à appliquer ces compétences à la modification des comportements de santé. Cette approche pourrait offrir un nouveau moyen d'améliorer le contrôle de la pression artérielle, selon l'auteur principal de l'étude, Eric B. Loucks, docteur en épidémiologie et directeur du Mindfulness Center de l'université Brown à Providence, Rhode Island.
"La méditation de pleine conscience est une prise de conscience sans jugement, au moment présent, des sensations physiques, des émotions et des pensées", a déclaré M. Loucks. "C'est un peu comme un scientifique qui observe avec curiosité et objectivité les informations qui lui parviennent par le biais des organes des sens et de l'esprit, puis qui réagit habilement à ces informations. La pleine conscience fait également intervenir le concept de mémoire, c'est-à-dire le fait d'amener des mémoires de sagesse (acquise par exemple auprès de professionnels de la santé ou de messages de santé publique) dans le moment présent. Dans le contexte de l'hypertension artérielle, la sagesse peut inclure la connaissance du fait que des pratiques fondées sur des données probantes, telles que l'activité physique, le régime alimentaire, la consommation limitée d'alcool et l'adhésion aux médicaments antihypertenseurs, peuvent améliorer le bien-être."
Dans cette étude, les chercheurs ont comparé l'impact des soins habituels (par exemple, l'utilisation d'un tensiomètre à domicile, une éducation sur la pression artérielle, un accès facilité à un médecin si nécessaire) aux soins comportant en plus la participation des sujets hypertendus à un programme personnalisé de 8 semaines basé sur la pleine conscience.
Cet essai clinique a inclus plus de 200 adultes recrutés dans la région de Providence, Rhode Island, qui présentaient une pression artérielle élevée/haute, définie comme supérieure à 120 mm Hg de pression systolique ou 80 mm Hg de pression diastolique. Les participants étaient des hommes à 41% etdes femmes à 59%, avec un âge moyen de 59 ans. 81% étaient des adultes blancs et 73% avaient une formation universitaire.
Les participants ont été répartis de façon randomisée dans le groupe de soins standards améliorés, ou dans le programme de pleine conscience, appelé Mindfulness-Based Blood Pressure Reduction (MB-BP). Les participants du groupe bénéficiatnt du programme de pleine conscience ont assisté à une séance initiale d'orientation, puis à huit séances de groupe hebdomadaires de 2,5 heures et à une retraite de groupe d'une journée de 7,5 heures. La pratique de la pleine conscience à domicile recommandée était d'au moins 45 minutes par jour, six jours par semaine.
Après six mois, les chercheurs ont constaté que :
1) Les participants du groupe utilisant la pleine conscience avaient une baisse moyenne de la pression artérielle systolique de 5,9 mm Hg, contre une réduction de 1,4 mm Hg dans le groupe de soins standards améliorés.
2 )Aucun changement notable n'a été constaté dans les mesures de la pression artérielle diastolique dans les deux groupes.
3) Les participants du groupe utilisant la pleine conscience ont également réduit leur temps de sédentarité de 351 minutes par semaine en moyenne, par rapport aux participants du groupe de soins habituels améliorés.
L'analyse des changements intervenus dans le régime alimentaire, notamment l'adoption d'un régime conforme aux recommandations du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), la perception du stress et la pleine conscience, montre que les participants du groupe d'intervention basé sur la pleine conscience étaient plus susceptibles de manger des aliments sains pour leur cœur, de signaler une amélioration de la perception du stress et des niveaux de pleine conscience.
Bien que d'autres recherches sur l'utilisation du programme de réduction de la pression artérielle basé sur la pleine conscience doivent être menées pour confirmer ces résultats, l'intervention est prometteuse selon M. Loucks. L'une des limites de l'étude est que la plupart des participants étaient des adultes blancs ayant fait des études supérieures, ce qui limite sa généralisation aux personnes appartenant à divers groupes ethniques ou ayant d'autres niveaux d'éducation.
Commentaires pour les coachs de santé
Le stress est un processus adaptatif qui entraîne des changements physiopathologiques du système cardiovasculaire en particulier sur l'hypertension artérielle. Le stress et hypertension artérielle sont donc étroitement liés, en général pour des adaptations rapides et transitoires. Le stress peut cependant être à l'origine d'élévations tensionnelles plus permanentes quand il est associé à d'autres facteurs de risque (environnementaux, psychologiques ou génétiques).
Le traitement symptomatique de l'HTA nécessite une thérapeutique antihypertensive médicamenteuse à laquelle on ajoute une réduction des facteurs de risque (alimentation, activité physique...) et si besoin une thérapeutique antistress. Il est utile de retenir que la thérapeutique antistress constitue un adjuvant thérapeutique efficace mais n'est pas un traitement suffisant à lui seul
L’American Heart Association (2) propose la méditation pour renforcer le contrôle tensionnel et ainsi la prévention des maladies cardiovasculaires En 2012, une étude du National Institute of Health citée dans larticle de Stancu et coll (2) a montré que la méditation était la 5e approche complémentaire la plus utilisée aux USA, juste après la chiropractie et les manipulations ostéopathiques. Selon une méta-analyse de 2007 portant sur les effets de différents programmes de réduction de l’influence du stress sur la pression artérielle, c'est la méditation qui était significativement le plus associée à des réduction de la pression artérielle les plus significatives était la méditation. D’autres études randomisées contrôlées étudiant les effets de la méditation sur l’HTA ont apporté des résultats souvent discordants. L'hétérogénéité des résultats reflète la diversité des populations étudiées, les protocoles utilisés, la durée des études, les valeurs tensionnelles seuils et les techniques de mesure tensionnelle utilisées. Globalement, les résultats sont plus marqués chez les sujets âgés, les femmes et les patients qui présentent une pression artérielle plus élevée. En conclusion il faut considérer la méditation de pleine conscience comme un bon complément thérapeutique de l'HTA.
La méditation constitue un excellent complément au traitement médicamenteux de l'HTA mais ne peut s'y substituer. La méditation posède un effet antistress bien démontré, mais pour moi elle représente une action symptômatique efficace comme c'est le cas des traitements médicamenteux. Une HTA a de multiples causes et peut survenir chez des personnes non stressées. Mais on sait par ailleurs qu'il existe une forte corrélation entre le nombre d'ACE (Adverse Childhood Experiences ou Expériences d'Adversité de l'enfance) et la sévérité de l'HTA. Par contre la recherche ne permet pas de dire si la réduction de l'impact émotionnel de ces évenements précoces considérés comme événements causals (du stress chronique et des mauvaises habitudes de vie), peut modifier les chiffres de la TA chez l'adulte. Ces recherches restent à réaliser mais des résultats positifs pourraient faire économiser des milliards de dépenses anuelles. On peut faire l'hypothèse que la réduction durable d'un stress chronique puisse améliorer les chiffres de la TA, à condition bien sur qu'il n'y ait pas trop de lésions artérielles ou des autres organes. De toutes façons, même si vous n'êtes pas hypertendu, la méditation de pleine conscience vous fera le plus grand bien.
Sources
(1) Mindfulness shows promise as an effective intervention to lower blood pressure by American Heart Association, NOVEMBER 7, 2022 ; https://medicalxpress.com/news/2022-11-mindfulness-effective-intervention-blood-pressure.html?utm_source=nwletter&utm_medium=email&utm_campaign=daily-nwletter
(2) Bénéfices de la méditation chez l’adulte hypertendu, Hypertension 12 septembre 2018, Catheline Stancu , Caroline Werner , Antoinette Pechère-Bertschi , Sofia Zisimopoulou DOI: 10.53738/REVMED.2018.14.618