Recadrer la réponse au stress pour en faire un moyen d’amélioration de la performance réduit l’anxiété et améliore le bien-être général
Paumes moites pendant un entretien d'embauche. Battements de cœur rapides avant la marche vers l'autel. Douleurs d'estomac avant un examen final. Nous sommes nombreux à avoir connu une réponse habituelle au stress dans des circonstances nouvelles, inhabituelles ou sous haute pression.
Mais, selon des psychologues de l'université de Rochester, réinterpréter la façon dont on perçoit le stress peut faire une grande différence en termes de santé mentale, de bien-être général et de réussite. Pour leur étude, les chercheurs ont formé des adolescents et des jeunes adultes d'un collège à traiter leur réponse au stress comme un moyen plutôt que comme un obstacle. L'équipe a constaté que cette réinterprétation du stress pour en faire du « bon stress » réduisait l'anxiété des étudiants et les aidait à obtenir de meilleurs résultats aux évaluations, à moins procrastiner, à rester inscrits aux cours et à répondre aux difficultés scolaires de manière plus saine.
Pour recadrer leur compréhension du stress, les étudiants ont effectué un exercice standardisé de lecture et d'écriture qui leur a appris que leurs réponses au stress était une fonction normale dans des contextes de performance les concernant directement, comme le passage des évaluations.
Changer la mauvaise réputation du stress
On considère le plus souvent que le stress est intrinsèquement mauvais et doit toujours être évité. Cette idée peut être erronée, car le stress est une caractéristique normale et même déterminante de la vie moderne.
Par exemple, les étudiants qui se préparent à leur premier entretien d'embauche peuvent penser que l’emballement de leur cœur et leurs paumes moites témoignent de leur nervosité et d’un sentiment d’explosion, alors qu'en fait la réponse au stress contribue à apporter de l'oxygène au cerveau et à libérer des hormones qui mobilisent l'énergie.
Tout au long de la vie, les individus doivent acquérir un large éventail de compétences sociales et intellectuelles compliquées, puis les appliquer pour pouvoir s'épanouir. Ce processus est intrinsèquement stressant, mais il est également essentiel pour être un membre actif de la société. Et ceux qui se désengagent des facteurs de stress auxquels ils sont confrontés, risquent d'être sérieusement désavantagés. Ainsi, pour s'épanouir dans la vie moderne et surmonter les menaces qui pèsent sur leur survie personnelle et mondiale, les gens doivent trouver un moyen d'accepter et de surmonter les exigences du stress.
La réinterprétation du stress
Dans des situations stressantes, l’augmentation de l'excitation sympathique se traduit par des paumes de mains moites ou un rythme cardiaque plus rapide. Au lieu de considérer ces signaux comme la manifestation d’un "mauvais" stress, les réponses au stress peuvent être perçues comme bénéfiques et comme facteur de performances psychologiques, biologiques, comportementales.
La réinterprétation de la signification du stress ne cherche pas à éliminer ou à atténuer le stress. Elle n'encourage pas la détente, mais se focalise plutôt sur le changement de réponse au stress. Si nous pensons avoir suffisamment de ressources pour faire face aux demandes qui nous sont présentées, peu importe que les demandes soient élevées, et si nous pensons pouvoir les gérer, le stress sera considéré comme un défi plutôt que comme une menace.
Une réduction de l’anxiété et de meilleurs résultats aux examens
Dans cette étude portant sur des étudiants de collèges suivant des cours de mathématiques, nous avons constaté que ceux qui avaient réinterprété le stress présentaient une réduction de l'anxiété lors des examens de mathématiques, de façon immédiate et ultérieure. Immédiatement après avoir réalisé l’exercice de réinterprétation, les résultats des examens étaient également meilleurs que dans le groupe de contrôle. Les étudiants ayant fait l'objet d'une réinterprétation ont indiqué qu'ils procrastinaient moins, ce qui a permis de prédire de meilleurs résultats à l'examen suivant.
Nous avons également constaté que les étudiants ayant fait l'objet d'une réinterprétation ont déclaré davantage d'objectifs formulés en termes d’intégration (axés sur l'obtention de résultats positifs, comme gagner un match ou réussir un test) et qui prédisent des performances positives et du bien-être, plutôt que sur des objectifs formulés en termes d'évitement de résultats négatifs, (comme essayer de ne pas perdre un match ou de ne pas échouer à un test), qui prédisent une moindre performance.
Evaluation des niveaux de cortisol et de testostérone dans les deux groupes
Le cortisol est une hormone catabolique du stress et on observe des élévations lorsque les personnes se sentent menacées. Il est donc souvent interprété comme un indicateur de "stress négatif" bien qu'il ne soit pas toujours "mauvais", alors que la testostérone est une hormone anabolique qui favorise la performance.
Nous avons constaté que la réinterprétation du stress entraînait une augmentation de la testostérone et une diminution du cortisol chez les étudiants dans des situations d'examens en classe, ce qui est un schéma utile pour être au top de ses performances.
Les conseils aux parents dont les enfants sont stressés et anxieux
La première étape consiste à dissocier le stress de la détresse et de l'anxiété. Le stress est simplement la réponse de l'organisme à toute demande, bonne ou mauvaise. La détresse est un état, comme l’anxiété, qui survient devant des situations qui ne peuvent être perçues comme modifiables pendant de longues périodes, et qui provoque la répétition d’émotions négatives.
Les parents doivent comprendre que le stress est normal et qu'il peut même favoriser la croissance en présence d’un soutien approprié. Personne n'innove et ne prospère sans sortir de sa zone de confort. Pour que les enfants grandissent, apprennent et réussissent, ils doivent s'engager dans des tâches difficiles et les assumer. L'objectif n’est pas d'aider les enfants à obtenir un A, mais plutôt de repousser les limites de leurs connaissances et de leurs capacités. Suivre un cours difficile de mathématiques et obtenir une note moyenne peut être plus important pour la réussite à long terme que de se contenter d'un cours facile et de le réussir.
Le fait de normaliser les expériences de stress et de surmonter les obstacles peut aider les enfants à comprendre qu'ils sont en mesure de faire des choses difficiles. Réduire le stress en supprimant les obstacles, par exemple en éliminant les examens, en rendant les cours plus faciles, etc. peut même entraver leurs progrès.
Commentaires pour les coachs de santé
L’annonce d’un mauvais diagnostic est source de grand stress, car brutalement ce sont des projets de vie qui s’effondrent. Le maintien de ce stress est non seulement toxique pour l’organisme, mais il rend impossible les tentatives d’autoréparation du système corps-esprit. La première étape est donc de réduire ce stress chronique par tous les moyens (relaxation, méditation, massages, exercices, distractions) et le recadrage de sens en constitue un puissant moyen. Par exemple, la maladie peut être interprétée nom pas comme une menace, mais comme une communication à propos du besoin de rééquilibrer certains aspects de vie. Ou comme un défi à dépasser grâce à l’énergie du stress de courte durée. Les métaphores sportives peuvent êtres utiles dans ces situations. La différence entre le stress intense et l'xcitation de l'action est souvent une question de respiration. Ce n’est qu’une fois que la réduction du stress chronique a été obtenue, que l’on peut envisager de travailler sur une restructuration des relations corps-esprit.
Sources
“Reappraising stress arousal improves affective, neuroendocrine, and academic performance outcomes in community college classrooms” by Jeremy Jamieson et al. Journal of Experimental Psychology: General
No, Stress Isn’t Always Bad. Here’s How to Harness It ; Neuroscience Psychology ; September 15, 2021 ; https://neurosciencenews.com/stress-performance-anxiety-19319/